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couverture du livre Guy Morelle "Haspres et son passé"   Le Livre "HASPRES et son passé" réalisé par Monsieur GUY MORELLE.

Copyright by Guy MORELLE

Ouvrage édité par l'association :
Les amis du Cambrésis
15 rue de l'épée
59400 CAMBRAI

Imprimerie Lenglet. Caudry.
Dépôt légal. 2ème trimestre 1982.
 Pour une vue agrandie des photos de cette page, cliquez dessus.
LA RÉVOLUTION.
Joseph lebon
Joseph LEBON président
du tribunal révolutionnaire
de la région
  Haspres à la veille de la révolution.

     A la veille de la Révolution, Haspres était déjà un gros bourg de 2079 habitants (Denain n'en avait que 800 et ne s'étendra qu'après la découverte du charbon en 1826). C'était l'un des plus gros villages du Hainaut et ceci était dû à l'essor de sa Prévôté, à sa position privilégiée sur la Selle, à ses ressources naturelles (cultures, exploitation de la craie).
     Haspres n'avait pas de seigneur. Des historiens mentionnent qu'un seigneur Amand d'Haspres s'illustra lors du célèbre tournoi d'Anchin vers 1090. Il s'agissait en fait d'un chevalier hasprien qui partit aux croisades et en revint couvert de gloire.
     En 1789, c'était le prévôt, Ambroise Riche qui jouait le rôle de seigneur. Il avait sous ses ordres un bailli, des sous baillis, échevins... Par la charte du XVIIème siècle :"Le prévôt d'Haspres réglait toutes les choses ayant trait à la vie publique du village".
(voir la page consacrée à la prévôté).
 
      Nous avons vu dans le chapitre consacré à la Prévôté qu'à cette époque, le droit de cens imposait au paysan une redevance annuelle en blé et en argent.  Il était astreint de faire moudre son grain au Moulin des Moines moyennant redevance.  La corvée l'obligeait d'entretenir routes et chemins.  L'impôt le plus lourd était la gabelle (impôt sur le sel).  Le droit de bergaigne imposait les enseignes, les étalages.  Le paysan n'avait ni le droit de chasser, ni le droit de pêcher, ni le droit de posséder un pigeonnier.  En cas de conflit, "pour soutenir son honneur et son église", le Prévôt d'Haspres avait le droit d'appeler les hommes du village.  Toute affaire juridique était réglée sans appel par le Prévôt.
     Ecrasé d'impôts, exploité, opprimé, le paysan d'Haspres aspirait à un changement de régime... et ce sera la Révolution.

LA PREVOTE ÉTAIT-ELLE DÉJÀ APPELEE A DISPARAÎTRE ?

     Nous avons vu dans le chapitre précédent qu'à l'aube de la Révolution, un arrêt du Conseil de Louis XVI daté du 20 décembre 1788 annonçait "le séquestre des biens et des revenus de la Prévôté" . Cet arrêt "annonce la destruction de la Prévôté d'Haspres, dépouille le Prévôt de sa juridiction spirituelle, de son état, de son administration et confie cette administration à un économe-séquestre" (Extrait d'un parchemin).
     Une supplique du Prévôt, du bailli, du Mayeur, des échevins et habitants d'Haspres fut envoyée au Roi lui demandant d'annuler cette décision 'les supplions osent espérer que Sa Majesté prêtera une oreille favorable à leurs justes remontrances et qu'elle leur accordera la conservation de la Prévôté d'Haspres".
     Cette supplique envoyée au roi le 1er mars 1789 fut-elle lue du monarque ? Qu'aurait-il décidé ?

  HASPRES SOUS LA RÉVOLUTION
     
       Les débuts de la révolution sont assez calmes à Haspres. Le 22 mars 1789, l'abbé Pontois, futur victime de la Terreur, lit en chaire la dépêche de Louis XVI proclamant la réunion des États Généraux. Ce prêtre sera guillotiné à Valenciennes le 15 octobre 1794 face à sa maison natale. 
     
Le Prévôt de l'Abbaye, Ambroise Riche, le bailli d'Haspres Hayot de Thermicourt, quelques notables locaux : Pierre Mercier, Joly Raoult (futur maire) se rendent à Bouchain où ils présentent les cahiers de doléances. Haspres sera la ville la plus représentée (462 foyers : on disait à l'époque 462 feux). Tous les voeux des représentants locaux seront réduits en un seul cahier qui sera présenté en baillage du Quesnoy afin de préparer les états généraux de Paris.
      Le 14 décembre 1789, l'Assemblée Nationale vote une loi réglant l'administration communale. Haspres sera, comme toutes les ville de France, régie par un Conseil Municipal auquel on adjoindra quelques notabilités. Tandis que, le 14 juillet, à Paris, les vainqueurs de la Bastille promènent le tête du gouverneur De Launay au bout d'une pique, qu'une rixe sanglante causée par la vie chère éclate le 24 juillet à Valenciennes, les Haspriens gardent leur calme.
     1790 et 1791 seront encore deux années de calme relatif malgré la Constitution Civile du Clergé, la fuite du roi, la mise sous scellés des trésors de l'Abbaye... En novembre 1791, les citoyens actifs (
ceux qui paient des impôts et ne sont pas en état de domesticité) procèdent à la 1ère élection municipale. Le premier maire élu sera Raoult (parfois écrit Raout).
     Il faudra attendre la proclamation de la République le 21 septembre 1792 et surtout l'invasion autrichienne, pour que notre village soit plongé dans la tourmente révolutionnaire.

HASPRES, THEATRE DES GUERRES DE LA RÉVOLUTION.

     Après avoir été chassés de France en 1792-1793 (Valmy et Jemmappes en Belgique), les Autrichiens, commandés par le prince de Cobourg, reviennent envahir notre pays.
     En juillet 1793, Condé capitule et Valenciennes, après un siège de 87 jours et 42 bombardements, ouvre ses portes à l'envahisseur (sur le fronton de l'hôtel de ville ont lire : "Valenciennes a bien mérité de la patrie : convention Nationale"). Le 10août 1793, le duc d'York, lieutenant du prince de Cobourg vient occuper Haspres, Avesnes le Sec, Iwuy et toute la rive droite de la Selle. Après quelques semaines d'observation et d'escarmouches, un combat d'une violence inouïe met aux prises Français et Autrichiens. Le 12 septembre 1793, de grand matin, l'artillerie autrichienne postée au Camp de César à Iwuy bombarde les troupes françaises, puis, la cavalerie autrichienne partie des hauteurs d'Haspres et d'Avesnes se précipite sur les Français et les taille en pièces. Les fuyards durent se diriger vers Bouchain et, à la faveur de la nuit, se glissèrent dans les fossés de la Sensée pour rejoindre Cambrai.
     Il s'y donna entre une partie de leurs troupes un combat où les Français furent repoussés avec pertes.  Le combat eut lieu très exactement le 12 septembre 1793 de grand matin.  Les pertes françaises s'élevèrent à 2.000 morts, 1.000 blessés, 1.000 prisonniers.  Les Français perdirent aussi à Avesnes le Sec 18 pièces de canon, 2 obusiers et 9 drapeaux".
(Mémoires historiques 1791-1799 pour Cambrai et le Cambrésis).

     Certains historiens affirment que Chapuis, considéré comme responsable de l'échec des troupes françaises, fut guillotiné le lendemain de la bataille, d'autres prétendent que le général Desclaye fut appelé à la barre de la Convention et exécuté.
     Une partie des corps des victimes fut enterrée le lendemain au bout du chemin de Cambrai.
     Haspres resta donc sous l'occupation autrichienne pendant plus de 8 mois. Des engagements avaient lieu régulièrement avec la garnison française de Cambrai. Le prince de Cobourg rapporte dans ses mémoires que "Les Français étaient forcés à la retraite vers Villers en Cauchies et reculaient jusque Cambrai".
     Il faudra attendre avril 1794 pour que les troupes françaises commandées par Scherer chassent enfin les Autrichiens de notre village. Le 27 avril 1794, les français "entrent à Haspres, pillent les maisons, brise les serrures, mettent l'église au pillage, jettent les hosties et enlèvent les vases sacrés". (Archives Charles Laurent).
L'abbé Pontois qui avait exercé le culte sous la protection des Autrichiens sera emprisonné puis guillotiné.

LA TERREUR : LE CURE D' HASPRES EST GUILLOTINE.

     De 1792 à 1795, la France va vivre la période la plus sanglante de la révolution : La Terreur. Les suspects, les ennemis du nouveau régime, les prêtres réfractaires les traîtres ... seront jugés, conduits à l'échafaud.
    
Si à Paris, les ténors du barreau révolutionnaire avaient pour nom Robespierre,Danton, Marat, Couthon, St-Just ... notre région aura pour chef révolutionnaire Joseph Lebon.  Lebon est né à Arras en 1767 et occupait, près de chez nous, la cure de Neuville.  Lorsque la Révolution éclata, il abandonna la soutane, fut nommé maire d'Arras puis député du Pas-de-Calais, et responsable du Tribunal Révolutionnaire de la région.  Accusé de modération à ses débuts, il devint le terroriste exalté, s'en prenant particulièrement au clergé.  "Il faut, disait-il, que les prêtres arrachent leurs rabats comme je l'ai fait moi-même, il faut que le bonnet de la Liberté couvre toutes les têtes qui ne voudront pas tomber sous le couteau national".
     Ce chef révolutionnaire enverra notre curé à l'échafaud.  Après la chute de Robespierre, le 9 thermidor, une députation de Cambrai le condamnera et il subira le sort qu'il fit subir à tant d'autres ... il sera guillotiné à Amiens le 13 vendémiaire.

     En 1790, Louis XVI promulgua la Constitution Civile du Clergé déclarant le clergé indépendant du St-Siège. Les prêtres doivent prêter serment à cette Constitution et sont appelés prêtres assermentés. Ceux qui refusent seront appelés prêtres insermentés ou réfractaires.
     l'abbé Christophe, professeur au collège St-Michel de Solesmes mentionne dans son livre "les Choix du Clergé sous les Révolutions" que "si en France 50 % des prêtres ont prêté serment, il n'y eut dans la Valenciennois que 4 % de prêtres assermentés".  L'archevêque de Cambrai refusant la Constitution Civile du Clergé demanda aux prêtres de notre diocèse "que les ecclésiastiques refusent le serment, continuant à être les vrais et les seuls pasteurs de l'église" et leur conseilla en cas de danger "de s'éloigner de leurs fidèles paroissiens". (Histoire de Briastre par Chatelain).
     L'abbé Carré, prêtre cambrésien, natif d'Haspres, refusera de prêter serment. L'abbé Pontois, curé d'Haspres, va suivre lui aussi les conseils de son supérieur hiérarchique. Son refus de prêter serment le destituera et il devra s'enfuir pour éviter la prison. Il sera remplacé par un nouveau curé assermenté, Jacques Bailleul qui exercera le culte dans notre village. Les moines de l'Abbaye, craignant eux aussi des représailles, s'enfuient vers Mons où ils se mettent sous la protection des Autriciens. Quelques Haspriens qui n'avaient pas émigré (Laurent, Lestoille) furent recherchés par un peloton de cavaliers républicains et ne durent leur salut qu'à leur idée de se cacher dans la ferme Lestoille sur la place, entre le mur et le tas de fourrage.
     Nous avons vu plus haut que les Autrichiens vont revenir réoccuper la région.  Ils chassent le prêtre assermenté Bailleul, et l'ancien curé Pontois, de retour, retrouve sa cure.  Il va exercer le culte pendant 8 mois, jusqu'au 27 avril 1794.  A cette date les Français chassent définitivement les Autrichiens de chez nous.  Le curé d'Haspres sera emprisonné, jugé comme suspect par le tribunal révolutionnaire du célèbre Lebon, condamné à mort et guillotiné le 15 octobre 1794 sur la place de 'Valenciennes, face à sa maison natale. 47 prêtres ou religieux du diocèse de Cambrai subiront le même sort.  On cite parmi eux les curés de Maing, d'Escarmain, de Briastre, de Curgies et de Jolimetz.
     Il est difficile d'évaluer exactement en France le nombre de victimes de la Terreur : 15.000 ? 30.000 ? Pour notre région on a avancé le nombre de 67 exécutions pour le Valenciennois et 135 pour le Cambrésis.
     Il y eut certes des abus : 11 Ursulines de St-Saulve furent guillotinées (béatifiées par le Pape en 1920).  Mais les victimes étaient-elles toutes étrangères à la misère et à la révolte du peuple ? Un de nos professeurs d'histoire auquel je laisse la responsabilité de son jugement comparait les quelques milliers de victimes de la Terreur avec les 1.400-000 tués de 1914-18, avec les 6 millions de juifs morts en déportation, avec les 36 millions de victimes de la dernière guerre. Quelques mois après ces événements sanglants, le 9 thermidor, Robespierre, Couthon, St-Just seront guillotinés à leur tour.  La tête de Lebon tombera sous le couperet de la guillotine d'Amiens. La Terreur prenait fin. La Prévôté d'Haspres disparaissait.  Elle fut vendue en 1792.  Les moines enfuis en Belgique ne revinrent pas.  D'après une légende citée précédemment, ils auraient enfoui une partie de leur trésor.
     L'église elle aussi sera vendue en 1799, démolie en partie, revendue. Elle reviendra à la Commune en 1803 et sera rebâtie en 1804. Les émigré qui avaient fui Haspres vont revenir. On cite parmi eux des Disler, Quarré, Massart. C'était la fin d'une époque.
     Dans son histoire de Briastre, M. Chatelain nous dit qu'après le départ des Autrichiens, notre région n'était plus que ruines et désolation.  "La disette est extrême dans les régions traversées par la Selle".  L'assemblée Nationale sous le Directoire va voter une subvention de 2.000.000 de livres aux citoyens des départements du Nord et de l'Aisne ayant subi l'occupation autrichienne.
     Petit à petit Haspres retrouvera son calme et sa prospérité. La France s'achemine vers la Consulat, vers l'Empire, vers de nouveaux massacres.
    
N.B Parmi ces 47 prêtres ou religieux victimes de la Terreur, indiqués ci-après, 37 furent guillotinés à Valenciennes.
     11 Ursulines de Saint-Saulve périrent elles aussi sur l'échafaud de Valenciennes.  Elles seront béatifiées par le pape en 1920.
     Le nombre des victimes de la Terreur (civiles et religieuses) S'élève, selon un document prêté par Augustine Moreau, à Valenciennes et à 135 à Cambrai. Pierre Pierrard dans son "histoire" du Nord" avance les nombres de 94 guillotinés à Valenciennes et 151 à Cambrai.


LISTE DES PRETRES VICTIMES DE LA REVOLUTION
            DANS LE DIOCESE DE CAMBRAI

  1 Ansart, capucin à Douai.
  2 Bettrémiaux, récollet à Valenciennes.
  3 Breuvart, vicaire à Valenciennes.
  4 Brisson, professeur à Landrecies.
  5 Brûlé, curé d'Oisy.
  6 Caniot, professeur à Douai.
  7 Danjou, vicaire à Condé
  8 Delahaye, récollet au Quesnoy.
  9 Dezitter, curé de Crochte.
10 Druet, desservant de Quarouble.
11 Dubois, chartreux à Valenciennes.
12 Duconseil, curé de Boiry.
13 Godez, capucin à Cambrai.
14 Gosseau, curé à Valenciennes.
15 Guiot, récollet à Lille.
16 Hanequand, curé de Poix.
17 Hauxel, vicaire de Nonain.
18 Honoré, chartreux à Valenciennes.
19 Huvelle, curé de Preux au Sart.
20 Jessus, récollet à Bapaume.
21 Laisney, desservant à Maing.
22 Lanciaux, curé de Jolimetz.
23 Larivière, bénédictin à Liessies.
24 Largillière, professeur au Quesnoy.
25 Lecerf, coadjuteur à Maing.
26 Lecoutre, coadjuteur à Valenciennes.
27 Ledoux, chartreux à Valenciennes.
28 Lévêque, récollet au Cateau.
29 Lempereur, bénédictin à Maroilles.
30 Libert, curé de Sebourg.
31 Mabille, desservant à Onnaing.
32 Malaquin, curé d'Escarmain.
33 Maillet, cistercien à Vaucelles.
34 Nisse, chanoine à Phalempin.
35  Ochin, curé de Curgies.
36
Pannier, curé de Saint-Vaast là Haut.
37 Pavot, récollet à Valenciennes.
38
Peugniez, cordelier (Oise).
39 Pontois, curé d'Haspres.
40
Preux, curé de Catillon.
41 Richez, curé de Briastre.
42 Saladin, curé à Lille.
43
Saudeur, capucin à Maubeuge.
44 Selosse, curé à Valenciennes.
45 Tranchant, bénéficier à Cambrai.
46 Vienne, vicaire à Valenciennes.
47 Willerez, récollet à Bapaume.

(Prêtres victimes de la Révolution dans le diocèse de Cambrai,
1792-1799, par l'abbé J. Dehaut.  Oscar Masson, Cambrai, 1909).

UN SIÈCLE SANS GUERRE A HASPRES .

     De la Convention à la première guerre mondiale, de 1794 à 1914, Haspres, éternellement placé sur la route des invasions, ne connaîtra plus de guerre, même sous l'Empire. Néanmoins, notre village sera occupé de 1816 à 1818 par les Russes mais, en 1870, les Prussiens s'arrêteront à Montrécourt et à Iwuy.

HASPRES SOUS LE PREMIER EMPIRE .

     On sait peu de choses sur ce que fut Haspres sous le Premier Empire.  Aux Archives Départementales, rien n'est mentionné sur notre village durant cette époque.  Les grandes batailles de Napoléon se sont déroulées (exception faite de Waterloo) loin de chez nous.  Quant au contingent des recrues de l'Empire, on peut penser qu'il était peu élevé.  A ce sujet, un vieil Hasprien, Edmond Morelle, avait plaisir à nous montrer un sabre de dragon impérial, un baudrier avec l'aigle, une giberne et la "médaille de Sainte Hélène" ayant appartenu à un de ses aïeux qui avait franchi la Bérésina en 1812.
     Les jeunes Haspriens étaient d'ailleurs réticents à la conscription.  Comme le dit Chateaubriand : "Vers la fin de l'Empire, tout le monde détestait le despotisme impérial et Napoléon a succombé non parce qu'il était vaincu mais parce qu'on n'en voulait plus".  Dans nos petites communes, maires, adjoints, parents ... fraudaient pour éviter le départ à l'armée.  Les hommes mariés n'étant pas mobilisés, on vit à Saint-Amand un conscrit de 18 ans épouser une dame de 80 ans.  L'adjoint au maire de Villers en Cauchies fut destitué pour avoir forgé en 1812 un acte de décès pour son fils.  En 1811, il y avait à Haspres une quinzaine de jeunes conscrits réfractaires.  Le 25 janvier 1811, des garnissaires et des gendarmes vinrent s'installer chez leurs parents pour les punir (Les jeunes conscrits insoumis s'étant réfugiés dans les bois).  Le 6 février, défense fut faite de fournir du travail aux parents des déserteurs sous peine d'être traduit devant les tribunaux.  Enfin, le 28 avril, les parents furent arrêtés et emprisonnés jusqu'à la soumission de leurs enfants.
     Quelques jours après la bataille de Waterloo, les vaincus passèrent à Haspres les 20, 21, 22 juin 1815 et se dirigèrent en débandade vers Cambrai.  Les Alliés les suivirent et passèrent dans notre village le 23 juin.  Le 24 juin, ils s'emparèrent de Cambrai.  Valenciennes qui avait résisté sera assié
gée par les Hollandais.
     Le 26 juin 1815, Louis XVIII faisait son entrée dans la cité de Fénelon.  Le Premier Empire prenait fin.

L'OCCUPATION RUSSE APRÈS WATERLOO (1816-1818).

     Au lendemain de Waterloo, Haspres fut momentanément occupé par les Prussiens. Blücher avait établi son quartier général à Maroilles. Quant à Wellington, il avait établi le sien à Cambrai (au musée actuel).
     Cette occupation dura jusqu'à novembre 1816, date à laquelle l'une des clauses du second traité de Paris mentionnait qu'un corps de 45.000 Russes viendrait, dès les premiers jours de 1816, relever les troupes Prussiennes cantonnées dans le Nord.  Leur chef, le général Voroncef Voroncov. fixa son
quartier général à Maubeuge, commandant un territoire qui s'étendait approximativement sur le Hainaut, le Cambrésis, l'Avesnois, la Thiérache et les Ardennes.
     Il fallut alors, comme l'écrit Géry Herbert dans "Jadis en Cambrésis" : "nourrir les troupes, les loger, se plier à toutes les exigences et payer des sommes énormes.  C'étaient tous les jours des réquisitions, de voitures, de chevaux, de vaches, de volailles, de boissons ..."
     A Haspres, les cavaliers russes campaient sur la rive gauche de la Selle, à l'endroit du jardin public actuel, abreuvant leurs chevaux dans le Tiot Rio (
on a d'ailleurs donné à cet endroit le nom de "quartier des Hussards"). Le lieu dit "le Parc" serait, d'après certains vieux Haspriens, un endroit ou on parquait le bétail réquisitionné. Il y a quelques années, un commerçant de la rue de Villers trouva dans sa cour des boulets à mèche provenant d'une batterie russe postée sur les remparts.
>ancienne caserne        A l'époque, tout chef de famille qui possédait une maison devait héberger quelques soldats russes. Aussi les autorités municipales décidèrent-elles de démolir la tour (ou donjon) qui se trouvait à l'entrée de la prévôté et firent construire, avec les matériaux, une caserne (actuel club du 3ème âge) pour ces occupants.
     La place de l'église appelée l'Enclos, faisait office de cour de caserne et la petite remise avec ses barreaux garde encore le nom de corps de garde.
On retrouve encore dans certains villages du Cambrésis (Honnechy, Bertry) de vieux bâtiments ressemblant à cette caserne et qui hébergèrent également les Russes.

     Les soldats russes étaient soumis à une discipline très sévère. Le knout (bastonnade publique) punissait les coupables. Un cosaque ayant volé un jambon dans une ferme de la rue "derrière les champs" fut toué de coups par les officiers. "Ces soldats, dit l'abbé Turquin dans l'histoire de Saulzoir, adoraient le lard et se baignaient dans la Selle même en plein hiver".
     Néanmoins, malgré les exigences de ces Russes, les historiens sont unanimes à dire qu'ils vivaient en bons termes avec la population. "Les soldats participaient aux festivités publiques, valsant et dansant à la cosaque" (Brouillard). Des amourettes se sont nouées. Il y eut même des mariages et nous avons dans la région des Lerusse, Schadroff, Wasilewski, Sakalovski qui sont des descendants de Russes. Aussi, c'est avec un certain regret que l'on vit partir ces occupants.
     En septembre 1818, de grandes manoeuvres eurent lieu dans la région, le long des vallées de la Selle et de l'Ecaillon. Wellington commandait alors les troupes anglaises, russes et saxonnes. Il s'arrêta sur la place d'Haspres et alla se rafraîchir à l'auberge de Canard (magasin Louvion). Un défilé d'adieu eut lieu sur le Mont Ouï et les Russes quittèrent définitivement la région. Ils furent remplacés par le 1er Régiment de la Garde Royale et les Dragons du Calvados.

 
LA GUERRE DE 1870

     Haspres 1870 ! 3.400 habitants ! Un des villages les plus peuplés de la région. Il y a 3 moulins à farine, 5 brasseries, 1 four à chaux, une carrière de pierres blanches et des ateliers de tissage occupant 1.400 ouvriers. Le 31 août, M. Auguste Caullet a été élu maire et la France est en guerre avec la Prusse. Guerre qui sera relativement courte (les "mobiles" Haspriens quitteront le village mi-août et les derniers prisonniers rentreront la veille de Pâques).
Guerre qui coûtera la vie à 6 jeunes gens du pays.
     Pourquoi cette guerre après plus d'un demi siècle de paix ? Le Le 16 juillet 1879, l'empereur Napoléon III, suite à la candidature Hohenzollern au trône d'Espagne et à la falsification de la dépêche d'Elms, déclarait la guerre à la Prusse.  Malgré la bravoure de nos soldats, le territoire est envahi (une fois encore).  Les Prussiens commandés par Von Moltke remportèrent, le 6 août, la victoire de Froeschwiller sur Mac Mahon.  Bazaine fut encerclé dans Sedan le 18 août et l'Empereur dut capituler à Metz le 2 septembre.
     Pour les Haspriens, ce sera encore une guerre mais cette fois ils ne verront pas l'ennemi. A cette époque, le service militaire n'était pas obligatoire pour tous. L'armée était essentiellement composée de troupes d' "actifs". Les jeunes haspriens qui, à Bouchain, avaient tiré "le mauvais numéro" faisaient 5 ans (
style de l'époque). D'autres ne "faisaient" que 5 mois mais restaient pendant 4 ans à la disposition du Ministère des Armées. La mobilisation tardive de ces derniers qu'on appelait les "mobiles" et qui étaient mal entraînés fut une des causes de la défaite.
Les Haspriens des classes 1865 à 1869 durent se rendrent à Valenciennes pour 8 heures du matin et furent incorporés au 46ème Régiment d'infanterie. Ils allaient faire partie de l'Armée du Nord commandée par le général Faidherbe.
     Le 31 août, le conseil municipal d'haspres se réunit et chacun de ses membres "jura obéissance et fidélité à l'Empereur". Hélas, les événements ne tournèrent pas en faveur de l'Empire. Le lendemain de la capitulation de Metz, la République est proclamée et le 13 septembre, le conseil municipal "donna sa pleine adhésion à la nouvelle forme de gouvernement établit en France, lui promettant son concours légal et dévoué"...
     Les Prussiens déferlèrent ensuite sur la France, encerclèrent Paris, envahirent le nord du pays et descendirent  au sud jusqu'à la Loire. Haspres ne fut pas occupé mais les ennemis vinrent à l'est jusqu'à Montrécourt et un détachement de Uhlans atteignit Iwuy espérant faire sauter les ponts de l'Erclin et la ligne de chemin de fer. Ils furent refoulés par les soldats de la garnison de Bouchain.
     L'armée du Nord commandée par Faidherbe et dont faisaient partie les jeunes "mobiles" Haspriens avait pour mission d'attirer les Prussiens afin de dégager Paris et de faciliter une sortie des assiégés. Après les défaites de Villers Bretonneux le 29 novembre, de Pont Noyelles le 23 décembre, malgré l'héroïque victoire de Bapaume, l'armée du Nord, par la sombre journée du 19 janvier 1871, fut écrasée à Saint-Quentin. Les Prussiens firent 10.000 prisonniers et les derniers combattants furent refoulés vers Cambrai.
     Dès le lendemain, les malheureux vaincus traversaient Haspres dans le plus grand désordre. Par une température de -10°, brisés de fatigue, couverts de boue, ils traînaient derrière eux quelques pièces d'artillerie et de pauvres chevaux blessés. Leurs chaussures de carton (eh oui, de carton) tombaient en lambeaux. Les premiers d'entre eux nous apprirent la mort de 2 jeunes Haspriens : Jean-Baptiste Marouzé à Saint-Quentin la veille et Albert Cardon à Bapaume. (notons qu'à cette époque les combats étaient moins meurtriers que ceux de nos jours. Il y eut 141 tués à Pont Noyelles, 183 à Bapaume et 450 à Saint-Quentin).
     Six "mobiles" Haspriens avaient été victimes de cette guerre : Les jeunes François Baillieux, Albert Cardon, Alexandre Lemoine, Jean-Baptiste Marouzé, Charles Louis Moreau et Ferdinand veniat. Quelques jours après, Paris capitula. Ce fut l'armistice. Les prisonniers rentrèrent au village la veille de Pâques...
Haspres allait vivre 44 années de paix.

DE 1870 à 1914 ... QUELQUES DATE, QUELQUES FAIT
     On a appelé cette période "La Belle Époque". Il y eut certes des troubles (le Boulangisme, l'affaire Dreyfus, la séparation des Églises et de l'État) mais le village a vécu des années de calme le plus complet.
     Les délibérations du Conseil Municipal se bornaient parfois à régler le budget, à nommer un garde champêtre, à désigner la liste des jurés. En 1872 et 1873, par exemple, il ne s'est pratiquement rien passé à Haspres.


1874 :  Construction de l'École des Garçons (emplacement du monument aux morts) voir photo dans le            chapitre "Nos Écoles".
1876Un ouragan d'une violence exceptionnelle endommage le clocher, qu'il faudra rebâtir.
1877Démolition du clocher par un tailleur de pierres d'Avesnes le Sec. Aménagement du Chemin de Cambrai.
1878Fondation de la Fanfare Municipale, une date dans l'histoire du village.
1879Testament de Raoult légant ses biens à la commune (vives réactions de la famille... procès ... jugement annulant le testament ... Pourvoi en cassation... Les biens reviendront finalement à la commune).
1880Élargissement du pont sur la Selle.
Approbation par le Conseil Municipal du projet de construction d'une ligne de chemin de fer Valenciennes Haspres Avesnes le Sec Villers Laon (ce projet ne sera pas réalisé).
1881 :  Pavage de la rue de la Vierge (aujourd'hui rue Lodieu).
1882 :  Agrandissement des écoles suite à la loi Ferry (obligation scolaire).  Approbation par le Conseil Municipal de la création d'un nouveau canton (Denain).
1884 :  C'est le dimanche 4 mai 1884 que tous les Haspriens en âge de voter vont élire leur Conseil Municipal.  Le maire sera Ernest Lestoille et les 2 adjoints François Boucly et Morelle-Cossiaux.
1885 :  Construction de la gare (ouverture de la ligne de chemin de fer Valenciennes-Le Cateau). Création d'un bureau de poste. Pavage de la rue de la fontaine et de "derrière les champs". Construction d'une bascule communale.
1886 :  Installation du télégraphe.
1887 :  Construction d'une passerelle dite "le pont Boulanger".
1888 :  Arrêt à Fleury du train Valenciennes Le Cateau.
1889 :  Projet de construction d'un presbytère. Mouvement de grève et manifestation des tisseurs haspriens. 1890 :  Construction d'un presbytère (actuel logement des maîtres, place de la liberté).
1894-1895 : Projet et construction de la Mairie. "L'an 1894, le 8 avril, M. Lestoille Ernest, maire, expose que la Mairie d'Haspres depuis longtemps insuffisante, est actuellement dans un état de vétusté tel qu'elle nécessite d'urgentes réparations.  Il a pensé préférable de la reconstruire entièrement en y joignant un bureau de poste ...

         Un architecte de Valenciennes, M. Doutouquet, expose un projet de 17.000 francs que le Conseil Municipal accepte (Emprunt à la Caisse de Dép6ts et Consignations).
        Après adjudication du 24 septembre 1894, les travaux sont réalisés par M. Guelton entrepreneur à Denain, au cours de l'année 1895. En 1896, un grand festival de musique animera l'inauguration.
1897Les travaux supplémentaires réalisés à la Mairie et à la Poste nécessitent un nouvel emprunt de 5.000 francs.
1898Projet d'installation de l'éclairage électrique.
1902Réorganisation de la Compagnie des Sapeurs Pompiers forte de 52 membres.
1903-1904 : Projet et construction du clocher (voir chapitre : Notre clocher). Installation du téléphone.
1905 Éclairage électrique des rues du village. - Règlement de la circulation  : "En aucun cas, dans la traversée de l'agglomération d'Haspres
la vitesse des automobiles, motocyclettes et bicycles, ne peut excéder la vitesse de 10 km à l'heure (dix kms à l'heure). Cette vitesse doit être ramenée à celle d'un homme au pas dans les passages étroits, les tournants des rues et sur les places".
1906Inventaire des biens de l'église.
1907Pavage de la rue de la Vierge. Remplacement de la passerelle dite "Pont Boulanger".
1908Creusement d'acqueducs sur la Grand-Place.
Projet de construction d'un abbatoir. Pavage de la rue Taquet (Tissage Béra).
1909Une décision du Conseil Municipal rappelant "Clochemerle" "L'urinoir de la gare ayant été supprimé, le Conseil Municipal décide à l'unanimité qu'il sera rétabli".
1910La passerelle dite "Pont de Bois" sera remplacée par un pont pavé.
1911Installation d'un champ de tir. Installation de l'éclairage électrique dans les écoles.
1912 Pollution de la Selle (déjà).
Construction d'une passerelle rue Taquet (sur la Selle) pour les ouvriers de la rive gauche se rendant aux Etablissements Béra. Elections Municipales. Les élections municipales de 1912 verront la victoire des Socialistes.  M. Jean Baptiste Mazouré sera élu maire et le restera jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale (un mandat de 33 ans).

LA GUERRE 1914-1918

LES ORIGINES DE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE
        Les origines du premier conflit mondial sont d'ordre moral et économique.  Dès 1871, la proclamation de l'Empire Allemand au château de Versailles, la perte de l'Alsace-Lorraine, les milliards versés à l'Allemagne (un train d'or, disaient les vieux Haspriens) avaient été pour les Français patriotes à l'époque, une grande humiliation.
       Un esprit de revanche était né, esprit de revanche entretenu par le père, par l'instituteur, par le curé, par l'officier ... esprit de revanche qui allait régner 44 ans.
       Les rivalités commerciales et coloniales, la course aux armements, l'opposition diplomatique entre la Triple Alliance (Allemagne, Autriche, Italie) et la Triple Entente (France, Russie, Royaume-Uni) avaient créé un climat extrêmement tendu.
      L'assassinat de l'Archiduc héritier d'Autriche à Sarajevo, le 28 juillet 1914, mit le feu aux poudres.  Un imbroglio diplomatique se déroula alors en une semaine.  Le 1er août, l'Allemagne déclara la guerre à la Russie, le 2 août, la France mobilisa, le 3 août, l'Allemagne déclara la guerre à la France ... les dés étaient joués.

LA MOBILISATION A HASPRES
      Le 2 août, dans l'après-midi, les cloches sonnèrent à toute volée annonçant aux Haspriens la mobilisation générale.  Des affiches "bleu blanc rouge" furent collées à la mairie, sur la place, à la gare, sur les édifices municipaux.  Les 200 mobilisés sont appelés à rejoindre dans les plus brefs délais les garnisons régionales (Le 127ème R.I. à Valenciennes commandé par le Major Denope qui montera immédiatement au front des Ardennes, le 15ème d'Artillerie à Douai, le 84ème Territorial à Cambrai ... )
      A la gare d'Haspres, des trains bondés de mobilisés passaient d'heure en heure.  "Fleur au fusil, moral d'acier, espoir en une victoire éclair" annonçaient les journalistes ... tout cela accompagné de chants patriotiques et mêlé aux larmes des mères, des épouses, des enfants ... 73 de ces braves ne reviendront pas.

  L'INVASION DU NORD
      Le 4 août 1914, le lendemain de la déclaration de guerre, les Allemands violaient la neutralité de la Belgique et fonçaient dans les Ardennes.  Le 16 août, ils étaient maîtres des passages de la Meuse, de Namur à Liège.  Le 20 août, ils poursuivaient leur poussée vers la Sambre et prenaient Charleroi.
     Puis, Maubeuge fait assiégée à son tour.  "Maubeuge, bastion du Nord avec ses 12 forts, Maubeuge imprenable".  Cette ville allait être encerclée par les armées de von Bulow qui l'obligera à capituler après 11 jours de siège.
     Il y avait parmi les assiégés de Maubeuge, une cinquantaine de soldats Haspriens des classes 1905-1910, qui seront faits prisonniers et envoyés en captivité en Allemagne.  Cette captivité fut, pour ces patriotes, considérée comme une humiliation, mais elle sera, en fait, leur salut.  Combien de ces braves auraient été tués sur le front ? "Prisonnier Sauvé" disait-on.
     C'est au cours de la poussée Allemande dans les Ardennes que tombera le premier soldat d'Haspres : Charles Lesavre.  Mobilisé au 127ème R.I. de Valenciennes, il fut tout de suite envoyé vers l'est et trouva une mort glorieuse à Mariambourg.
     Entre temps, l'armée de Von Kluck, laissant à Von Bulow le siège de Maubeuge, filait vers Valenciennes-Haspres-Cambrai qui allaient être envahies le 25 août 1914.
     Devant la rapidité surprenante de ces événements, peu d'Haspriens ont eu le temps ou l'initiative d'évacuer (3 semaines seulement ont séparé la déclaration de guerre de l'invasion).  On conseillait même de rester au village quoi qu'il arrive.  Le maire de Valenciennes, Touchon, annonçait que "contrairement à nos espérances, l'ennemi envahit le territoire.  Dans cette pénible occurrence, conservez le calme et ne quittez pas vos demeures".  Néanmoins, quelques membres des familles Cossart, Lagrue, Vérin, Lestoille, Laurent quittèrent le village, certains le matin même de l'invasion.  Mais on peut évaluer à une centaine, à peine, le nombre des Haspriens qui purent évacuer.
     Après l'invasion d'Haspres (voir plus bas) et pendant huit jours, sans arrêt, cavalerie, infanterie, artillerie allaient traverser le village, flot ininterrompu de soldats prussiens, bavarois, wurtembourgeois qui filaient "nach Paris" ... Joffre allait les arrêter sur la Marne le 6 septembre.


L'INVASION D'HASPRES ( 25 août 1914)
Le 25 août 1914, au lever du jour, les premiers Allemands de l'armée Von Kluck, venant de Douchy, se glissaient sur la rive gauche de la Selle, empruntant le chemin de Noyelles, et tiraient quelques salves de fusil, d'ailleurs sans éffet, sur l'Aubette. Ils avaient déjà tué, sur le pont de Douchy enjambant la Selle, un Hasprien : François Dagniaux qui jouait le rôle de G.V.C (garde de voie civil).
>troupes allemande
L'entrée des Allemands dans le Nord (fin août 1914)
  Puis, vers 6 heures, une section cycliste venant de la route de Denain, pénétra dans Haspres et s'arrêta sur la Grand-Place. (les Haspriens étaient stupéfaits de cette invasion aussi rapide et aussi imprévue).
Ces Allemands descendirent alors de vélo, se postèrent entre le café Français (café Laure) et la ferme Lestoille et tirèrent quelques salves d'intimidation qui ne firent aucune victime.
Ils poursuivirent ensuite leur invasion vers Saulzoir, prenant la route départementale et le Chemin Vert et massacrèrent les Territoriaux de la Mayenne (On appelait à l'époque, territoriaux, les soldats d'âge mûr, formant une armée sédentaire chargée de la défense du territoire).
Devant la rapidité de l'invasion, ces territoriaux n'avaient qu'une ressource : se replier sur les hauteurs de Villers et du bois de Saulzoir. Courant à découvert, essayant de se cacher parmi les gerbes de blé, vêtus d'uniformes trop voyants (tréllis blanc-bleu) ils offrirent aux Allemands cachés dans les talus des cibles idéales. Trente-cinq de ces malheureux furent ainsi massacrés.
Après la section cycliste, les Uhlans qui depuis l'aube chevauchaient dans la plaine, au Nord du village, firent leur entrée dans Haspres par la route de Valenciennes. Face au cimetière, ils massacrèrent les occupants d'une voiture militaire dans laquelle avait pris place la femme du pâtissier, Augusta Bailly (qu'ils prirent pour une espionne) et une fillette de 5 ans. Certains racontent que les sauvages Uhlans achevèrent la fillette à coups de revolver.
    
Dans l'après-midi de ce 25 août, les officiers allemands craignant des manifestations d'hostilité de la part de la population enfermèrent
17 otages dans les caves de la ferme Numa Lestoille, à titre de représailles préventives.  Aucun incident ne s'étant produit, ces, 17 otages furent libérés dans la soirée.

LA VIE DES HASPRIENS SOUS L'OCCUPATION ALLEMANDE
     Il est impossible de décrire la vie des Haspriens sous l'occupation allemande en un seul chapitre.  Un livre entier suffirait à peine.  Aussi, au risque de paraître incomplet, nous nous bornerons à retracer sommairement quelques passages de cette époque.
     L'aube du 26 août 1914 se leva sur notre village aux mains des Allemands pour plus de 4 ans.  Dès le matin, un chariot alla relever les cadavres des Territoriaux de la Mayenne, qu'on enterra au cimetière dans une fosse commune. (Chaque année, le 11-novembre, les anciens combattants allaient déposer une gerbe sur cette tombe.  En 1970, on exhuma les restes de ces malheureux).
     Et puis, pendant quelques jours, Haspres allait vivre un calme relatif : les Allemands étant avant tout préoccupés par leur course "nach Paris".  On pouvait même, chose impensable, rejoindre avec de gros risques la France non occupée en se glissant vers Lille, Lille qui ne sera aux mains des Allemands que le 13 octobre.  Mais, quand le flot des armées germaniques fut stoppé sur la Marne et que les Allemands durent se cantonner dans notre village, la Kommandantur allait remplacer l'administration communale, la misère allait régner à Haspres.
     Des affiches allaient régulièrement couvrir les murs de la Mairie mentionnant les ordres de la Kommandantur.  "Sous peine d'amende", "Sous peine d'emprisonnement", "Sous peine de mort" il était interdit : de s'approcher des voies de chemin de fer, de quitter le village sans un laisser passer de la Kommandantur, d'élever des pigeons, de sortir de son domicile après le couvre-feu (en 1917, Georges Crocfert, âgé de 22 ans, se dirigeant un soir dans le chemin de Thiant, dans le but de rapiner quelques pommes de terre, n'entendit pas le sommations de la sentinelle allemande postée sur le pont et fut impitoyablement abattu).  Toute personne devait porter sur elle sa carte d'identité et répondre périodiquement à un appel nominatif.
     Haspres privé de tout trafic devait donc se suffire à lui-même plus d'épicerie, plus de boulangerie, plus de boucherie particulières.  Toute l'alimentation était livrée au compte-gouttes au magasin de ravitaillement (boucherie Bécart actuelle).
     Jules Mousseron, le poète patoisant régional, nous parle du fameux pain livré à la population
                  
"Les barbares d'Prussiens,
                     Les brigands, les coquins,
                     In pillards d'origine
                     Ont volé nos farines
                     Pour nous vind'hors dé prix
                     Du pain cope-appétit ...
                     L'croute est dur comm' du cuir
                    
Noir' comme del peau d'Kroumir.
                    C'pain lourd comm' du plomb,
                    Pou l'santé n'a rin d'bon,
                    L'peupl' qui l'mingl sans invie
                    A tout's les maladies "
                    Et les Boch's dis'nt sérieusement
                    Qué sans euss's in mourrot d'faim".


      Aussi, en janvier 1915, face à cette situation dramatique, (c'était presque la famine), une délégation des personnalités du Valenciennois se rendit, avec l'autorisation de la Kommandantur, à Bruxelles et contacta l'American Commission afin d'obtenir des Etats-Unis, par le transit de la Hollande, des nourritures pour les populations occupées.  Après maintes démarches, les Comités Provinciaux réunis à Bruxelles en avril 1915 décidèrent que :"En raison de la grande détresse qui règne dans les parties du territoire français occupées par les troupes allemandes, The Commission for Relief in Belgium a décidé de ravitailler les populations de ces régions.  A cet effet, il a été créé un comité spécial intitulé Comité d'Alimentation du Nord de la France.  Les vivres nécessaires au ravitaillement seront importées des Etats-Unis".

     Les Haspriens reçurent donc des Etats-Unis : haricots, choucroute, saindoux, lard, lait condensé, céréaline ... qu'on livrait au magasin de ravitaillement.  Cette nourriture n'était, certes, pas toujours excellente.  "Fonds de magasin des Américains" disaient certains, mais elle soulagea la population vouée à la misère.
     Les Allemands se livraient, en outre, à de multiples réquisitions : réquisition des objets en cuivre, en plomb, réquisition des vélos, des matelas, du linge, réquisition des appareils photo, des cloches des églises ... ajoutant à cela les taxes sur les chiens, les chèvres ...
     Les habitants devaient héberger les soldats allemands.  Chaque maison devait leur réserver une ou plusieurs chambres.  Dans les fermes, les étables, granges, remises, servaient d'écuries pour les chevaux.  L'exploitation de l'agriculture était d'ailleurs sous la tutelle des Allemands qui prélevaient 80 à 90 % des récoltes.  Tout était centralisé sur la place du village et chaque matin, des groupes de femmes, d'enfants, se rendaient dans les champs sous la conduite d'un chef d'équipe afin de procéder aux travaux agricoles.
     Les jeunes gens des classes 1915, 1916, 1917, 1918, qui, trop jeunes, n'avaient pas été mobilisés, furent considérés comme prisonniers civils.  Les uns, sous la surveillance des Allemands travaillaient au nord-est, à la sablière de Trith, sur la ligne de chemin de fer reliant Valenciennes au champ d'aviation de La Briquette.  D'autres furent contraints de creuser des tranchées.  Certains plus favorisés restèrent à Haspres et travaillaient au Lazareth de Fleury ou dans les champs.  Mais les plus rebelles furent incorporés dans les Z.A.B. (Bataillons de discipline) véritables bagnes pour jeunes sous l'autorité abusive et arbitraire des Boches.
      Un dernier mot sur les écoles. Les jeunes maîtres étant mobilisés, l'enseignement fut confié à des femmes et la classe de fin d'étude à Monsieur Sivéry. Dévoué, courageux, sévère même, il avait la lourde tâche de présenter au certificat d'étude, dans ces circonstances dramatiques, des élèves dont beaucoup étaient des enfants de soldats au Front. Il a laissé un nom... L'école qui se tenait sur l'emplacement du Monument aux Morts servait de caserne. Ainsi les cours eurent-ils lieu dans des fermes, granges...
      Et pendant ces quatre années de misère que savait-on des événement. Rien... On ne savait rien ... Pas de journaux, pas de radio. On entendait au
loin le bruit des canons, on voyait monter au Front des colonnes allemandes, revenir les blessés, les gazés (affreux à voir).  On se doutait qu'il y avait de violents combats.  Parfois quelques combats aériens animaient le ciel hasprien ... Les Allemands avaient profité, à l'invasion, du champ d'aviation de La Briquette nouvellement construit et sur lequel travaillaient des jeunes prisonniers civils Haspriens.  Un jour, un avion anglais tomba au chemin de Thiant et les 2 aviateurs indemmes furent amenés à la Kommandantur.  Mais à part ces quelques faits, on ignorait totalement le déroulement des opérations.

 
L'ARRIVEE DES LIBERATEURS.  LES ANGLAIS ET LES CANADIENS A CAMBRAI

      
      Après 4 ans de misère, d'attente, d'anxiété, l'espoir revint.  Le bruit des canons se rapprochait... Les Allemands étaient nerveux et démoralisés ... On pressentait la fin.
      Le 27 septembre 1918, la ère Armée Britannique (Horne) et la 3ème Armée (celle qui libèrera Haspres) venant du sud-ouest enlevaient Marcoing.  Les Plateaux du Cambraisis furent conquis en quelques jours.  Le 30 septembre les Anglais étaient aux lisières de Cambrai.  La ville encerclée fut incendiée par les Allemands ... Le Front ennemi craquait de partout et le 9 octobre, à 4 heures du matin, les Canadiens entraient à Cambrai par le nord et les Anglais par le sud (Jonction victorieuse des Armées Horne et Byng).

L'EVACUATION.  LA LIBERATION D'HASPRES (23 octobre 1918)

      L'évacuation : Le lendemain, 10 octobre ' la Kommandantur donne aux Haspriens l'ordre d'évacuer.  "Par suite de la situation militaire, les habitants des communes du Valenciennois seront évacués pour leur propre sécurité dans des régions plus en arrière.
      L'évacuation aura lieu le jour après la publication de cet avis. Aucune personne ne restera dans la localité.
      Par manque de moyens de transport, les habitants ne pourront emporter avec eux en fait de nourriture, vêtements et linge, que ce qu'ils peuvent emporter pour une marche assez longue. La carte d'identité est à porter sur soi. On ne séjournera qu'une nuit dans chaque lieu de logement ... Alors ce fut l'évacuation.
      Il n'y avait plus à Haspres ni voitures, ni chevaux.  Le seul moyen de locomotion fut la marche, les seuls moyens de transports furent les poussettes, les brouettes ' les vélos ... Obéissant aux ordres de la Kommandantur, on avait emporté le strict nécessaire, et au bout de 4 jours  de débâcle la population Hasprienne se trouva aux environs de Mons (Jemmapes, Sipply, Pâturages) où elle attendit la fin des événements tandis que notre village subissait l'assaut des armées libératrices.  Les Cambraisiens qui avaient quitté leur ville quelques jours avant, avaient emmené avec eux leurs géants Martin et Martine qu'ils durent abandonner à Haspres dans une ferme près de la Place.
LA LIBÉRATION D' HASPRES ( 23 OCTOBRE 1918 )
Après la prise de Cambrai, le 9 octobre 1918, les Britanniques appuyés par les Canadiens eurent pour mission de percer la position Hermann (Bruges, Valenciennes, Escaut, cours de la Selle) sur laquelle s'étaient repliés les Allemands.
>la place apres bombardements
La place après le bombardement
Anglais (octobre 1918)
  M. Jean Béra Cacheux, témoin oculaire (il était parmi les 72 Haspriens qui n'avaient pas évacué) nous raconte que, du haut de sa grange, il avait vu se dérouler les opérations : " du 11 au 23 octobre dit-il, Haspres allais subir un bombardement intensif et régulier. Chaque jour, dès 7 heures du matin, les batteries anglaises postées sur les hauteurs de Cambrai pilonnaient notre village détruisant surtout les quartiers limités par la rive droite de la Selle et la route de Valenciennes.
Puis, les Anglais, par nuées, descendaient des hauteurs de Villers, du bois de Saulzoir, du bois Bouquette, vers le village. Mais des mitrailleurs allemands postés et protégés à l'ouest par le talus du long Boyau et à l'est par une haie longeant la pâture Herbin massacrèrent les Britanniques qui avançaient à découvert".
      Il est impossible d'évaluer le nombre exact des victimes car des brancardiers relevaient les cadavres et les ramenaient vers l'arrière. Sur le monument aux morts, on peut lire les noms de ces braves dont 147 reposent au cimetière du chemin de Cambrai et 64 à celui de la route de Villers. On peut affirmer que plusieurs centaines furent tués sur le territoire hasprien.
      Le 23 octobre 1918, au matin, les canons anglais cessèrent de bombarder le village. La ligne Hermann craquait de tout côtés. Les Allemands en déroute après avoir dynamité la gare faisaient sauter les rails de la ligne de chemin de fer et refluaient vers l'Écaillons. Vers 12 heures, les premiers Anglais de la 3ème Armée britannique commandée par Bying, venant du Moulin Bulté, entraient à Haspres. Notre village était libéré après 1551 jours d'occupation allemande.
      Les Anglais, ayant forcé le passage de la Selle, le 23 octobre 1918, avancèrent à la fois vers Avesnes et Valenciennes. L'Athènes du Nord fut libérée le 2 novembre, à 7h30, par les armées françaises, anglaises, canadiennes qui s'emparèrent alors de toutes les positions de la ligne Hermann. Le 10 novembre 1918, les Haspriens évacués aux environs de Mons virent arriver leurs libérateurs. L'ennemi avait déjà demandé l'arrêt des hostilités. Les plénipotentiaires allemands avaient franchi la frontière à La Capelle pour se rendre à Compiègne où l'armistice sera signé le 11 novembre. Le cauchemar prenait fin.
      Dès leur libération, les évacués haspriens revinrent de Belgique et retrouvèrent un village bien détruit. Bien vite, les nouvelles arrivèrent. Les soldats français dont le village avait été libéré eurent droit à 3 jours de permission. Aussi vit-on revenir Georges Delhay, Henri Chatelin, Paul Bulté,... après 4 ans et 3 mois de séparation anxieuse. Emouvantes retrouvailles troublées par les mauvaises nouvelles : 73 d'entre eux étaient morts sur les champs de bataille.
      Et puis, Haspres se releva lentement de ses ruines. Les jeunes gens, les cultivateurs (avec ce qui leur restait de matériel), quelques prisonniers allemands sous la surveillance de gardiens furent affectés aux T.P.U. (travaux de première urgence). On reboucha les trous d'obus, on désamorça les munitions, on déblaya les maisons démolies... Les artisans effectuèrent leurs premiers travaux aux écoles, à la Mairie... Dès l'établissement des dommages de guerre. Les premières reconstructions eurent lieu au printemps 1919, les "poilus" commencèrent à revenir.
      Haspres avait vécu sa dernière guerre. Sa "der des der"... Tout au moins le croyait-on. L'avenir allait prouver le contraire.
    
Victimes Civiles : 1914, Bailly Augusta. Noisette Marcelle. Pamart Jules. 1917, Crofer Georges, 1918, Hisbergues Marie, Delcroix Marie, Delcroix Florine, Gossuin Catherine, Pierronne Alfred.
     Victimes Militaires : 
Lesavre Charles Louis
Dagniaux François
Delmotte Jean-Baptiste
Delhaye Georges
Mercier Victor
Dubus Emile
Delmotte Désiré

Lesavre Lucien
Morelle Alphonse
Gosse Emile
Forget Alphonse
Boucly Xavier
Drancourt Alphonse
Dulompont Charles
Renaut Lucien
Flahaut Charl
es
Leclerc Emile

Lepan Louis
Colin François
Vandeville Joseph
Breucq Désiré
Morelle Noël
Moreau Gustave
Béra Numa
Lemaire Léon
Alaoucherie François
Vérin Charles
Cossart Georges

Mercier Jules
Morelle Alphonse
Bourlet Achille

Charlet Ernest
Couet Jean-Baptiste
Desvignes Henri
Cogniaux Louis
Baudoux Jules
Béra Edmond
1914
Dhainaut Alphonse
Taisne Edmond
Dhainaut Charles
Moreau Augustin
Marouzé Joseph
Dupas Abel
Tordoir Maurice
1915
Moreau Arthur
Dufour Emile
Colin Henri
Tahon Charles
Bézy Joseph
Tahon Lucien
Fassiaux Virgile
Leduc Charles
Coupez Edmond
Mercier Victor
1916

Garez Jean Baptiste
Charles Jean Baptiste
Lemoine Alexandre
Duboisdendien André
Noisette Jules
Saccazin Andolosia
Telle Alexandre
Tahon Henri
Dufour Louis
Dozières Lucien
1917
Havez Albert
Perlier Numa
Leclerc Ernest
1918
Telle François
Taisne Maurice
Boucly Joseph
Gourdin Désiré
Béra Jules
Morelle Désiré
     C'est au cours de cette guerre, qu'un directeur d'école d'Haspres (1929 1933), devint un as de l'aviation française et obtint de nombreuses distinctions. Monsieur Robert Flament.
 

ENTRE LES DEUX GUERRE 
                                                  
                     .1919.

      1919.  L'année d'après guerre.  Les premiers démobilisés rentrent à Haspres, Les bombardements anglais d'octobre 1918, les sabotages Allemands ponts , gare, ligne de chemin de fer ... ) ont gravement endommagé le village.  Les champs sont en friches ou ont été labourés par les obus. 73 soldats sont morts aux champ d'honneur, 8 civils ont été tués, d'autres sont morts de la grippe espagnole.
     
Les élections municipales confirment le succès remporté en 1912 par M. Jean-Baptiste Marouzé qui reprend ses fonctions de maire (adjoints Armand Dagniaux et Evrard Mériaux).  Pour le conseil municipal, il va falloir dans l'immédiat faire réparer la mairie, l'église, la poste, l'entrée du cimetière ... penser à la construction d'une nouvelle école des garçons et d'un nouveau presbytère ... aménager les abords des deux ponts sur la Selle (la reconstruction de ces ponts revenant aux Travaux Publics) ... racheter des cloches... réorganiser l'enseignement, les sociétés locales... ériger un monument aux morts ... Immense programme qu'il faudra des années pour réaliser.
      La ligne de chemin de fer et les ponts sont reconstruits très rapidement permettant à la population de se rendre en ville et aux ouvriers de rejoindre les usines.  On demande même la création de trains supplémentaires.  On répare en hâte les toits de la mairie, de l'église, du corps de garde (T.P.U.:Travaux de Première Urgence).
      Le personnel enseignant reprend ses fonctions sous la direction de M. Falce, de Mlle Lanquette et de Mme Béra.  Les "grands" sont entassés dans la vieille école des filles et les "petits" de la maternelle dans un baraquement adossé à l'église.
    
On refonde des sociétés : celle de musique sous la baguette de M. Cacheux, celle des Sapeurs-Pompiers sous le commandement du capitaine Marchant.  Les Canonniers ont perdu leurs 3 canons et attendent qu'on refonde   le célèbre "Buque-Fort".
     De vastes travaux de déblaiements sont entrepris pour débarrasser le village et les champs des engins de guerre. On commence à réparer ou à bâtir des maisons.

                                                                                     .1920.
-  Recherche vaine des cloches enlevées en 1917 par les Allemands (Service de Restitution de Wiesbaden).
-  Pose de lampes de rues et de plaques indicatrices.
-  M. Goris, architecte, donne un devis de réparations de la Mairie, de la
Poste, de l'église, du cimetière s'élevant à 212.000 francs. Les travaux seront exécutés par les entreprises Lefort et Devémy d'Avesnes, Quinchon de Saulzoir et Fontaine d'Haspres.
-  Projet d'achat de la propriété du "Canard" (Louvion-Antar) pour bâtir une école de garçons.
-  Agrandissement du cimetière.
-  M. Duverger fait actionner la turbine du Moulin des Moines qui produit l'électricité du village.


                                                                                   .1921. 
- Le Conseil Municipal décide que "la nouvelle école des garçons sera construite dans le jardin du presbytère ... celui-ci servira de logement de fonction aux maîtres".
- Démolition de la vieille école endommagée par les bombardements de 1918. Un monument aux morts sera érigé sur l'emplacement.
-  Les plans de la nouvelle école des garçons, du monument aux morts, du nouveau presbytère sont tracés par M. Goris architecte.
- La vitesse des automobiles traversant le village est limitée à 10 km l'heure (eh oui ! ).

                                                                                  .1922.
-  Achat du "poilu" du monument aux morts (oeuvre de statuaire Guillaume de Paris).
-  L'abreuvoir du pont de la Selle est supprimé.  M. Maurice Lestoille cède un terrain rue du général André pour un autre.
-  Achat de deux cloches à la fonderie Wanty de Douai (voir chapitre "Le clocher").
-  Déplacement du Christ du cimetière qu'on agrandit à nouveau.
-  Eclairage électrique de l'église.
-  M. Delecourt est nommé Directeur de l'école des garçons en remplacement de M. Falce.


                                                                                .1923.
-  Achat d'une balayeuse mécanique.
-  Réparation des orgues de l'église.
-  INAUGURATION DU MONUMENT AUX MORTS (10 juin).  
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     En 1923, l'année de l'inauguration du Monument aux Morts, la Croix de Guerre fut décernée à la ville d'Haspres.  Ce fut un honneur pour notre cité qui, lors de la guerre 14-18, avait perdu près d'une centaine de ses enfants (victimes militaires et civils), qui pendant 4 ans avait subi la tyrannique occupation allemande et qui fut fortement endommagée lors de sa libération d'octobre 1918.
     Haspres avait bien méritée de la Patrie.
     Par un arrêté du 2 mars 1923, Maginot, Ministre de la Guerre et des Pensions, cite à l'ordre de l'armée : « Haspres : Nord - vaillante cité qui, occupée pendant toute la durée de la guerre, a été l'objet de violents bombardements qui l'ont en partie détruite.  Malgré ses deuils et les souffrances endurées a toujours gardé une attitude digne d’éloges >> ( archives départementales du Nord ).
     Quelques jours après, l'attribution de la Croix de Guerre fut transmise à la Municipalité avec parution au Journal Officiel du 6 mars 1923 (A l'époque, Alexandre Millerand était Président de la République, Poincaré Président du Conseil et Marouzé Maire d'Haspres).
     Cet hommage fut matérialisé par un document que nous reproduisons ci-dessus.  Ce document était hélas disparu depuis près de huit décennies et c'est par un heureux hasard qu'il fut retrouvé lors de travaux de rangements effectués dans le grenier de la Mairie.
    
Il fut dès lors encadré et repose désormais dans la salle des Mariages.

     La plus belle fête d'après-guerre placée sous le patronage de : M. le Préfet du Nord et le Sous-Préfet de Valenciennes, MM. les Députés Lefebvre, Macarez, Couteaux, Vincent, Plet, Le Major Ingpen de Grande-Bretagne, M. Jean-Baptiste Mazouré, Maire d'Haspres, Le capitaine Marchant (Sapeurs-Pompiers), Le lieutenant Vanossum (Canonniers), M. Delecourt, directeur d'école, Les Fanfares de 21 villages voisins, Discours, défilés, concerts, hymnes nationaux, fleurs ... (8 groupes représentant 83 sociétés).
- Proposition de la S.E.R.V.A. (Société électrique de la région de Valenciennes et d'Anzin), de fournir l'électricité au village.
- Inquiétude au sujet du dossier de construction de l'école des garçons déposé depuis plus de deux ans et laissé sans réponse.


                                                                                .1924.
-  Construction du presbytère où logera l'abbé Bonnet.
-  Le nouvel abreuvoir est construit.
-  L'entreprise Tonnoir pose la première pierre de l'école des garçons.
-  Les deux ponts enjambant la Selle sont achevés.
-  M. Carpentier est nommé directeur de l'école des garçons en remplacement de M. Delecourt.

                                                                              .1 925.

- Creusement d'aqueducs rue de Fleury et rue V. Hugo.
- INAUGURATION DE L'ECOLE DES GARCONS. (Ecole Jules Ferry) le 2 août sous la présidence de : M. Lachaze sous-préfet de Valenciennes, M. Jean-Baptiste Mazouré, maire, MM. les Conseillers Municipaux,
M. Tonnoir Emile, entrepreneur, MM. Trannoy et Camus, architectes.
- Crise du logement.
                                                                               .1926.
- Le montant des travaux de la construction de l'école des garçons s'élevant à 145-000 francs, le Conseil Municipal émet un emprunt de 100.000 francs en 29 ans (soit 8.750 francs par an).
- La vitesse des automobiles traversant le village est portée à 20 km à l'heure.
- Création d'un champ de tir au chemin de Cambrai.
- Remise en état des vitraux de l'église.

                                                                      .De 1927 à 1930.
- Construction de douches à l'école des garçons.
- M. Blin est nommé directeur de l'école en remplacement de M. Carpentier.
- L'abbé Bonnet quitte le village et est remplacé par l'abbé Leclercq.
- Les baraquements du Rempart construits par la commune après guerre. sont vendus aux locataires.
- M. Cacheux cède sa baguette de Chef de Musique à M. Delforge.
- Pavage de la rue de la gare.
- M. Flamant, grand-père de notre pharmacien, est nommé directeur d'école en remplacement de M. Blin (octobre 1929).
- Agrandissement du cimetière.
- Plantation de platanes dans la cour de l'église.
- Inondation du village en novembre 1930.

                                                                              .1931.
- Erection d'un petit monument aux morts au cimetière.
- Projet de remplacement du pont de bois (Rue Gambetta, Général André) par un pont pavé à tablier de fer.
- Electrification du Hameau de Fleury.
- Fête du cinquantenaire de l'école laïque.
- L'abbé Leclercq est remplacé par l'abbé Dassonville.
- Début de la crise du chômage (Les chômeurs sont employés à divers travaux communaux).

                                                                              .1932.
- Acquisition de terrains (échange ou expropriation) rue Jules Ferry en vue de la construction d'une école maternelle.
- Création d'un terrain de football à l'Obette.
- Le premier pipe-line transportant le gaz d'Anzin à Cambrai traverse le village.
- M. Duverger laisse à la S.E.R.V.A. la concession de l'éclairage électrique à Haspres.
- Le pont de bois est remplacé par un pont pavé à tablier de fer avec deux passerelles.
- Création d'une 4ème classe aux écoles de garçons et de filles.
- Le chômage ne cessera de progresser jusqu'à la guerre.
- M. Carpentier est nommé directeur de l'école des garçons en remplacement de M. Flamant.

                                                                             .1933.
- La Société Eau et Force propose d'alimenter le village en eau potable.  Coût : 1.300-000 francs dont 400-000 francs payés par la société. Après subventions diverses, la commune ne serait redevable que de la somme de 160.000  francs. Ce projet fut hélas rejeté.

                                                                         .1934-1935.
- La Fanfare Municipale remporte merveilleusement le Festival de Melun.  Retour triomphal.  Réception ... (voir chapitre "La Fanfare d'Haspres").
- La loi Loucheur facilite la construction de nombreuses maisons au Marais.
- La route Haspres Monchaux est cimentée.  Un violent orage endommage les travaux.

                                                                            .1936.
- Année du Front Populaire.  Aux élections municipales du 17 mai, le maire socialiste Jean-Baptiste Mazouré garde son siège et 8 communistes entrent au Conseil.
- Les congés payés permettent aux ouvriers haspriens de partir en vacances.
  (Beaucoup d'entre eux affectionnent particulièrement Malo les Bains).
- Inauguration de l'école maternelle, le 13 septembre, sous la présidence de M. Gaubert, sous-préfet de Valenciennes,
J.B. Mazouré, maire d'Haspres, du Conseil Municipal, M. Cartigny, entrepreneurs M. Camus, architecte...
- Grèves dans les usines de la région, aux Etablissements Béra ...
- La scolarité est portée à 14 ans.

                                                                      .1937-1938.
- Construction de l'îlot de l'Aubette (Loi Loucheur).
- Inauguration du Stade Léo Lagrange.
- La gare appartient désormais à la S.N.C.F.
- La prolongation de la scolarité nécessite la création d'une nouvelle classe à l'école des garçons.
- M. Webster est nommé directeur d'école et gardera son poste 23 ans.
- Munich inquiète les Haspriens.

                                                                           .1939.
- La guerre.  
 
LA GUERRE 1939-1945

LA DÉCLARATION DE LA GUERRE : LA MOBILISATION.

      La guerre commença le dimanche 3 septembre 1939, un beau dimanche d'été, un jour d'ouverture de chasse. On allait hélas remiser les calibres 12 et 16 pour prendre d'autres fusils.
     On avait cru longtemps que la Guerre 14-18 serait la "der des der". La Conférence de la paix, le Traité de Versailles, la Société des Nations ne furent que de vains espoirs.
    
Il serait trop long de s'attarder sur les causes du conflit la mollesse des démocraties occidentales affirment les uns, une guerre impérialiste voulue par le capitalisme international prétendent les autres.

     L'avènement de Hitler en 1933, la réoccupation de la Rhénanie en 1936, l'Anschluss (annexion de l'Autriche en 1938), puis Munich (une paix pour 1000 ans dira Chamberlain), enfin l'occupation de la Tchécoslovaquie et l'invasion le 1er septembre 1939 de la Pologne sans déclaration de guerre provoquèrent la riposte anglo-française.
     La mobilisation fut immédiate. Tous les Haspriens en âge de porter les armes sont appelés dans la région nord de la France.
    
Le 16lème R.A.P. et le 117ème H.T.P. à Valenciennes, le 18ème Territorial à Cambrai, le 101 R.A.L. et le 15ème R.A.D. à Douai, le 412ème R. Pionnier à Arras, le 225ème R.A. et le 27ème R.A. à Hesdun, le train auto à Lille, le 40lème R. Pionnier à Béthune ... accueillirent les 250 mobilisés de notre village.
     Ceux de 1914 étaient partis la fleur au fusil pour "une guerre rapide" qui allait durer 4 ans. Un million et demi n'en revinrent pas. Beaucoup de mobilisés parmi lesquels des orphelins de la Grande Guerre ne l'oublient pas et c'est en pensant aux 73 Haspriens tués en 14-18 que nos futurs soldats quittent le village.
     Certains s'attendent à un second Charleroi. En 1914 Haspres fut envahi après 23 jours de guerre, il le sera en 1940 après 8 mois d'hostilités. (hostilités si l'on peut dire).
   
Et ce sera pendant ces 8 mois "la drôle de guerre" : Les soldats végètent", dit Arthur Comte, "dans une inaction totale : au lieu de suivre des entraînements intensifs, c'est à qui les amusera avec le théâtre aux armées, le colis aux armées, le sport aux armées".  De nombreux soldats Haspriens auront le privilège de n'être pas trop éloignés de leur foyer et bénéficieront de "perm" du "Noël en famille, de "Pâques en famille" ... et comme le disait la chanson :"Tout ça, ça fait d'excellents Français, d'excellents soldats qui marchent au pas"
    Maurice Chevalier prétend qu' "on ira pendr'not' linge sur la ligne Siegfried" ... On ira ... peut-être ?

    Quant au Canard Enchaîné il souligne que le trouffion français s'intéresse plus à la ligne de sa femme qu'à la ligne Maginot.
    Seuls les aviateurs ne chôment pas.  Dès septembre 1939, des combats réguliers opposent Curtiss français et Messerschmitts allemands, Moranes à cocarde et Heinkels à croix gammée.  Un avion allemand sera abattu, au dessus d'Haspres et s'écrasera près du bois de Lieu Saint Amand.  Ce sera le premier fait de guerre au village.
 
L' INVASION ALLEMANDE.

     A la "drôle de guerre" va succéder la "guerre éclair". Le 10 mai 1940, l'Allemagne envahit la Hollande, la Belgique, le Luxembourg. Valenciennes subit ses premiers bombardements. On relève les premiers morts à la Pyramide Dampierre et à la plaine de Mons. Quelques avions à croix gammée passent au dessus d'Haspres.
    
Le 15 et le 16 mai, la première armée doit se replier sur le canal de Charleroi et la frontière.  Les civils Belges fuient devant l'envahisseur et des colonnes de voitures déferlent dans Haspres et se dirigent vers le sud. C'est la débâcle Belge : débâcle qui sera la notre dans 48 heures.
     Le 17 mai, un avion allemand répondant à une rafale de mitrailleuse tirée des pâtures Bourlet bombarde le Marais. Plusieurs maisons sont détruites ou endommagées. Léon Journet aura les deux jambes brisées et devra subir une amputation quelques jours après. Ce sera la première victime hasprienne de la seconde guerre mondiale.
    A la poussée nord-est allemande va se joindre la manoeuvre d'encerclement du nord de la France qui sera la stratégie des généraux ennemis.  Le 16 mai au matin, Rommel à la tête de la VIIème Panzer franchit la frontière au Nord de l'Helpe Majeure et atteint Avesnes le soir même.  Le 17 mai, il prendra Landrecies et le lendemain 18 mai Cambrai incendiée sera aux mains des Allemands. (Ce jour là, le forgeron d'Haspres, François Marchant trouvera une mort glorieuse à Bohain).  Une partie des troupes ennemies, commandée par Gudérian poursuivra la manoeuvre d'encerclement.  Péronne sera atteint le soir de ce 18 mai.  Amiens écrasée sous les bombes sera occupée le 20 mai à 9 heures et à 20 heures, les Allemands atteindront la mer à Noyelles sur mer.  La nasse était refermée ...
     Les armées françaises et anglaises prises dans cet étau n'ont plus qu'une ressource : rejoindre la mer du Nord avec l'espoir de s'embarquer pour l'Angleterre.
     Le 20 mai, un violent combat oppose à Haspres les chars allemands à quelques chars légers français appuyés par le 74ème Régiment d'Artillerie. Les Français firent preuve d'un courage magnifique. La citation du Général Huntzinger en témoigne : "magnifique régiment qui, sous le commandement du Lieutenant-Colonel de Margerittes a brillamment rempli, au cours de la campagne Belgique-France toutes les missions qui lui ont été confiées. Le 20 mai 1940 à Haspres, a contenu plusieurs heures, en mission anti-chars une attaque ennemie menée par des chars lourds" (document transmis par Pierre Lasselin). L'héroïsme de ces soldats n'a pas été oublié et au camp d'Ailleret près de Belfort, un des chars Pluton a été baptisé "Haspres".
    
La supériorité numérique et de l'armement des Allemands décidera de l'issue du combat.  De nombreux soldats français durent se rendre et furent faits prisonniers.  On citera parmi eux : Stefan Kovacs, entraîneur de l'équipe de football de Roumanie, ancien sélectionneur de l'équipe de France, qui est revenu à Haspres voici quelques années, visiter les lieux où il fut momentanément emprisonné (ferme Buisset).

LA DEBACLE (l'évacuation)

     Pendant que se déroulaient ces événements (combat dans le Valenciennois et encerclement de l'Avesnois et du Cambraisis), les civils Haspriens eurent 2 jours pour s'enfuir.  Alors commença l'évacuation, la débâcle, débâcle pareille à celle de 1870, si bien décrite par Zola, pareille à celle de 1918 (mais en sens inverse).  Chevaux tirant de lourds chariots, chargés de meubles, de matelas, d'ustensiles de cuisine ... voitures dont les galeries débordaient, poussettes d'enfants surchargées,... vélos dont on ne distinguait que les roues ... brouettes volumineuses... encombrement total des routes gênant parfois le mouvement des troupe-- françaises.
    Et parfois, ce sera le drame.  Prenant en enfilade cette débandade humaine, les Stukas et les Messerschmitts mitraillent et bombardent ... Panique, cris, hurlements des enfants et des mères, tableaux difficiles à décrire ... A Bapaume, le 19 mai, François Lamotte sera tué lors du bombardement de la ville (il avait reçu un éclat de bombe l'avant-veille lors du bombardement du Marais). Hugues Lamand subira le même sort alors qu'il se trouvait dans les environs de Bully les mines. Léon Morelle (le cultivateur) trouvera la mort sur son chariot à Sains en Gohelle. Rose Gilleron, une fillette de 11 ans, sera tuée à Marquette lors du siège de Bouchain. Où vont tous ces gens ? Où vont-ils ? Le savent-ils eux-mêmes ? Vers l'arrière ? Où ?
    Des Haspriens se retrouveront en Dordogne, en Provence... certains (ce sera mon cas) se retrouveront là où leurs parents s'étaient réfugiés en 1914.
    Les soldats Français qui ne seront pas pris dans l'étau du Nord se dirigeront vers le sud avec l'espoir de se regrouper.  Des officiers croyaient à une seconde bataille de la Marne.

  LA BATAILLE DE BOUCHAIN L'invasion totale du Nord

      Rappelons qu'une partie de l'armée française et anglaise était enfermée dans une nasse, dans un étau, ayant la forme d'un doigt de gant dont la base était la côte de la Mer du Nord et le bout, la région de.  Bouchain et l'Escaut.
     Bouchain tenu par le 45ème R.I. résistera à un contre cinq à la poussée allemande.  Encerclés par l'ennemi, bombardés par les Stukas, les vaillants défenseurs de la cité de l'Ostrevant commandés par le Colonel Desroche et le Commandant Martin résisteront jusqu'au dernier souffle après avoir épuisé toutes leurs munitions.
     Il y eut parmi ces héros (le mot n'est pas trop fort) un jeune Hasprien engagé au 1er zouave : Georges Doux, plus connu sous le nom du grand Doux".  Il sera blesse au genou par une balle perdue et fait prisonnier.  Quant au Lieutenant Roger Leriche, fils du directeur du tissage Béra, il soutiendra avec ses batteries postées à Mastaing l'action des défenseurs de Bouchain.
     Un obus tiré de la tour de l'Ostrevant et qui devait détruire le pont de ciment enjambant la Selle à Haspres tombera sur la pharmacie Cossart, l'endommageant sérieusement (on notera la précision du tir des soldats français).
     Le 26 mai 1940, après 7 jours de résistance héroïque, les défenseurs de Bouchain déposèrent les armes. Le 2 juin, Hitler vint en personne se rendre sur les lieux des combats.  Notre camarade Georges Telle nous a maintes fois raconté que, se rendant à Neuville sur Escaut avec un chariot, il fut arrêté sur les hauteurs de Lieu Saint Amand par une sentinelle allemande et put voir la colonne des voitures blindées d'Hitler et de son Etat-Major.
     Après la prise de Bouchain, l'étau se resserrera de plus en plus.  Lille encerclé résistera du 28 au 31 mai puis ce sera Dunkerque, l'embarquement de 340-000 soldats tandis que 40-000 Français déposeront les armes et seront faits prisonniers, le 4 juin.  On comptera parmi eux une cinquantaine de mobilisés Haspriens qui iront rejoindre pour 5 ans les stalags et les oflags d'Allemagne.

L'ARMISTICE.  LE RETOUR DE L'EVACUATION.  L'ATTENTE DES NOUVELLES

     Quinze jours après ces événements, ce sera l'effondrement total de la France.  Le 21 juin 1940, à Rethondes, dans l'ironie et dans l'humiliation, Hitler s'installait dans le fauteuil qu'occupait Foch en 1918 et imposait son armistice.
     Les Haspriens qui ont évacué reviennent peu à peu au village.  Certains plus audacieux sont rentrés bien avant l'armistice alors que les combats de Bouchain n'étaient pas encore terminés.  Les évacués retrouveront un village pillé, saccagé, dévasté.  Chaque maison avait été livrée a un vandalisme total : portes enfoncées, vitres brisées, meubles fracassés, caves vidées ... Les chambres n'étaient plus qu'un fouillis de vêtements, de draps, d'ustensiles de ménage, de bouteilles vides ... s'ajoutait à cela une saleté repoussante.  Qui s'était livré à un tel pillage ? On a accusé certains réfugiés belges, mais étaient-ils vraiment les seuls responsables ?
     Qu'étaient devenus nos 250 soldats ? Telle était après l'évacuation, la question que se posaient les civils haspriens.  Dans son livre "les Français sous l'occupation" Henri Amouroux raconte que les soldats avaient cru ce que leur disaient les soldats Allemands.  "Guerre finie Krieg fertig ! 15 jours vous retour maison" Et c'est ainsi que 130 prisonniers haspriens rejoignirent les stalags et les oflags où ils croupirent pendant 4 ans.
     Certains furent momentanément internés en France et l'on vit des épouses et des enfants rendre visite à "leur prisonnier" qu'ils ne reverront que dans 5 ans.  Quelques soldats se payèrent de "culot" et revinrent à Haspres au mépris du danger.  Léon Morelle (le marchand de chaussures) quitta le Morbihan et revint en vélo, un exploit sportif à l'époque avec son beau-frère César Houriez.  Arrêtes plusieurs fois par les Allemands ils s'en tirèrent par ruse.  Alphonse Wattremez effectua le même parcours ... à pied ... en 3 semaines.
     Dès la fin du mois de juin, quelques prisonniers purent, grâce à la croix rouge, donner de leurs nouvelles.  Mais il-faudra attendre mi-août pour que le centre national des prisonniers fasse parvenir les lieux de captivité de nos Haspriens et fin décembre pour savoir enfin où se trouvaient tous nos prisonniers (ils étaient environ 130).
    Pendant cette période d'attente, Haspres semblait revivre lentement.  Un drame allait alors endeuiller notre village.  Trois chars de combat Français avaient été abandonnés dans le chemin de Verchain après la bataille du 20 mai 1940.  Ils faisaient le bonheur des enfants qui en avaient fait leur terrain de jeu.  Hélas, le 10 juin, l'explosion d'un obus anti-char provoqua la mort de quatre d'entre eux : Jules Moreau, Alexandre Lemoine, Michel Fiévez, René Marchant, 4 jeunes enfants dont le plus vieux avait à peine 13 ans, 4 jeunes martyrs tels Gavroche, Viala, Bara innocentes victimes de la guerre des grands.


L'OCCUPATION D'HASPRES PAR LES ALLEMANDS.

     Dès le printemps 1941, notre village fut occupé par la formation allemande Dienstelle Feldspost n287 45. La troupe logeait au patronage, chez le Docteur Pruvost, chez Leleu, dans les granges... Le bureau (mini-kommandantur) siégeait chez Breucq et la demeure d'Édouard l'Eveugle faisait office d'infirmerie. Les officiers logeaient chez l'habitant. Chaque maison bourgeoise devait héberger un Karl, un Hans, un Wolfgang... qui étaient dans l'ensemble assez corrects.
    
Le terrain de football, le "chaufour", les chemins vicinaux étaient transformés en champ de tir et d'exercice.  Nous étions étonnés de la sévérité des officiers allemands envers leurs soldats.  Une nuit, le couvre-feu fut obligatoire à 20 heures et les Allemands se livrèrent à un simulacre de prise d'assaut du village.  Certains d'entre eux durent franchir la Selle à la nage.
     Le dimanche de Pâques (14 avril 1941) un incident faillit coûter la vie au maire d'Haspres J.B. Marouzé. Pendant que les Allemands festoyaient au Patronage, un adolescent vola un revolver oublié par un soldat dans la maison Vérin. Le maire fut arrêté et resta toute l'après-midi et une partie de la soirée sous la surveillance de 2 sentinelles. L'arme fut retrouvée le lendemain dans le tonneau à eau de pluie du moulin des moines. C'est à cette époque qu'Edmond Crocfer (dont le frère fut tué par les Allemands en 1917) fut arrêté et tué à Loos par la Gestapo dans des circonstances vraisemblablement odieuses.
     Les Allemands quittèrent Haspres le dimanche 22 mai 1941, le dimanche de l'ascension qui aurait dû être un jour de ducasse.
Un mois après ils entraient en Russie.  D'après certains témoignages recueillis par des soldats français en occupation, ils périrent presque tous dans les neiges de Moscou et de Stalingrad.
     Haspres eut encore la visite assez courte des Allemands en février 1944. Il s'agissait cette fois de l'unité Dienstelle 16 309 qui revenait de russie. Elle était commandée par un officier "balafré", très autoritaire, un "sale" Prussien disaient les vieux qui avaient connu ceux de 1914.
     Enfin, à quelques jours de la libération (fin août 1944) notre village eut la dernière visite des Allemands avant leur grand départ.

LA VIE DES HASPRIENS SOUS L'OCCUPATION
La vie au village

   
Bornons-nous à retracer quelques grands traits de la vie au village pendant cette période. Les Haspriens n'ont certes pas connu les privations des Parisiens.  Chacun tenta de son mieux de se débrouiller.  On vivra alors l'époque du "système D", du "marché noir", des échanges ("donn'moi d'quoi qu't'as, t'auras d'quoi qu'j'ai" disait la chanson).
    Chaque cour sera transformée en basse-cour, chaque remise en clapier.  On se remettra à jardiner (surtout le tabac), à faire du vélo.  Les Haspriens s'improviseront bicherons et réduiront le bois Bouquette en rondins.  On se sentira l'âme d'un Raboliot et on ira tendre des collets la nuit.  On connaîtra les queues à la boucherie, à la boulangerie, les cartes de ravitaillement, les tickets de pain, les chaussures à semelles de bois.  On fabriqua de son mieux son savon, ses semelles en peau de lapin, son huile d'oeillette ...
    Et tandis que Maurice Chevalier remontait le moral des Parisiennes en chantant : "j'aim' le tac-tac des semelles en bois", nous chantions sur l'air de Lily Marleen :
                       "Quand on n'a plus d'beurre, on mange la margarine,
                        Quand on n'a plus d'sucre, on suce la saccharine,
                        Et quand on n'a plus de café
                        On fait griller les pois cassés.
                        Voilà l'régime Pétain !
                        Qui nous fait crever d'faim !"
     Et puis, comble du paradoxe, nosu chantions, après, le légendaire "Maréchal, nous voilà" En France, même dans les moments critiques, tout commence et tout finit par des chansons

Les bombardements

     De la débâcle à la Libération, Haspres aura le privilège de ne subir aucun bombardement.  Dès le printemps 1944, toutes les villes de notre région seront pilonnées par les bombes lâchées des forteresses volantes des armées alliées.  Cambrai subira de nombreux bombardements dont les plus meurtriers seront ceux des 27 avril, 30 avril et 5 mai 1944.  Douai en subira 7 en 15 jours (256 victimes le 11 aoùt).  Valenciennes sera régulièrement la cible des avions anglais et américains.
     Le 9 mai, Solesmes sera bombardé à son tour (6o victimes).  Ce jour là, une forteresse volante lâcha sur Haspres 2 bombes de gros calibre oubliées dans ses soutes ; elles tombèrent au lieu-dit "la Prison" où se trouvait le jeune Jean Delahaye qui roulait son blé.  Celui-ci eut, au moment de l'explosion, le réflexe de se courber, réflexe qui lui sauva la vie.  Ses 2 chevaux furent "chiquetés" par les éclats.
     Puis il y aura le bombardement de Saulzoir le 12 juin 1944. Un drame ! Rien ne justifiait l'écrasement par les bombes de cette petite bourgade : pas de noeud ferroviaire, pas d'acierie, pas de troupes, pas de dépôts de munitions ... On a parlé de regrettable erreur stratégique ... Ce jour-là, en fin de matinée, une escadrille de forteresses volantes anglaises déversa plusieurs centaines de bombes qui s'étalèrent des Saules Balances au Bois, causant la mort de 29 victimes innocentes.

L'espoir, l'attente

    
"L'espoir',' disait Malraux, "c'est la raison de vivre des hommes".  Jamais l'espoir ne fut aussi nécessaire aux Français, aux Haspriens.  L'espoir et l'attente.
     On attendait chaque jour des nouvelles de nos prisonniers (certains reviendront dans leur foyer pour raisons familiales ou de santé, d'autres réussiront à s'évader).  On attendait chaque soir les informations, la B.B.C. :"Les Français parlent aux Français".  On attendait les bonnes nouvelles ... souvent fausses (le retour proche des prisonniers, le débarquement immédiat).  On attendait... on attendait toujours.
     Pendant ce temps se déroulaient les hostilités sur lesquelles il serait trop long de s'étendre : La bataille d'Angleterre (août-novembre 40), l'invasion de la Russie (juin 41), l'Afrika-korps Stalingrad (nov. 42), les débarquements en A.F.N. (nov. 43) et en Sicile (juillet 43), la capitulation de Stalingrad (fév. 43) ...

     Enfin, après quatre ans d'espoir, d'attente, l'aube du 6 juin 1944 se leva sur la Normandie.  Enfin ... Le débarquement des troupes alliées.  Le 24 août, Paris était libéré.  Le 30 août nos libérateurs étaient à Amiens.  Le 1er septembre au soir les Anglo-Américains étaient au sud de Cambrai.
LA LIBÉRATION ( 2 SEPTEMBRE 1944 )
     Le 2 septembre au matin, la 79ème D.B.U.S. traversait l'Escaut à Masnières et entrait à Cambrai à 10 heures.
Le Général Corlett lança alors la 2ème D.B.U.S. et la 30ème D.B.U.S. VERS Denain, Valenciennes, la Belgique...
C'est une colonne de la 2ème D.B.U.S. qui, parallèlement à la R.N. Cambrai-Valenciennes allait libérer Naves, Haspres, Thiant...
>L'arrivee des americains
LA LIBÉRATION (2 sept.1944)
L'arrive des Américains
rue de la Balle.
       Dès le matin de ce 2 septembre, une intervention rapide des F.F.I. Haspriens libérait notre village, en faisant prisonniers quelques traînards allemands qu'on logera à l'école maternelle. Un cavalier allemand puis une estafette hippomobile étaient arrêtés dans la rue de Valenciennes, quelques isolés se rendirent aux résistants, les F.F.I. firent encore quelques prisonniers le lendemain. Dès midi, on sortait les drapeaux bleu-blanc-rouge de leur cachette et les maisons étaient (trop hâtivement) pavoisées.
     A 16 heures, les premiers chars américains entraient dans Haspres par la rue de Villers. Notre village était enfin libéré. Et Buque Fort, le canon local, difficilement amorcé par le garde Devémy, l'annonçait à tous les échos.
     Hélas ! Un incident devait endeuiller cette merveilleuse journée. Tandis que les chars américains traversaient le village, follement applaudis par une population en liesse, 2 tanks allemands postés au Moulin Bulté ouvrirent le feu vers nos libérateurs. Plusieurs obus anti-chars tombèrent aux environs des rues Mirabeau et de Villers causant la mort de Madame Augustine Dhainaut (un éclat au coeur... une fatalité).
     Le jeune résistant Gustave Melon dont le père fut tué par les Allemands pendant la première guerre, trouvait la mort à Douchy près de la route nationale.  On ignore les circonstances exactes de sa mort, mais on pense qu'il fut victime d'un tireur allemand isolé.
LA FIN DE LA GUERRE
LE RETOUR DES PRISONNIERS.

     Haspres était libéré mais la guerre n'était pas finie. Il fallut encore attendre 9 longs mois pour voir s'écrouler l'orgueilleuse Allemagne nazie. Et on allait encore connaître les privations, l'angoisse, l'attente.
     Les Alliés poursuivant leur avance, atteignaient Bruxelles le lendemain de la libération d'Haspres (3 septembre) et Anvers le 4 septembre. A l'est, ils atteignaient la frontière allemande et la Moselle.
     L'inquiétude allait alors planer sur les fêtes de Noël et du Nouvel-An. Le 16 décembre, dans le brouillard, Von Rundstedt lançait entre Montjoie et Echternach ses 2.000 hommes et ses 200 tanks brisant les lignes américaines et se précipitant vers la Meuse. 2.000 Américains furent encerclés dans Bastogne et les Allemands parvinrent à 5 km de Dinan (ils étaient alors à 100 km d'Haspres à vol d'oiseau). Le lendemain Patton et ses blindés appuyés par l'aviation contre-attaquaient et la situation fut rétablie fin janvier 1944
    
Le 11 janvier, le jeune Hasprien Albert Carré, engagé volontaire à la libération, trouvait la mort devant Mulhouse.
     Un avion américain qui revenait de bombarder l'Allemagne s'écrasait à "la justice". Le pilote fut tué mais les autres aviateurs se posèrent en parachute près la ferme Bricout.
     Dès avril 1945, les premiers prisonniers haspriens rentraient dans leurs foyer. Émouvantes retrouvailles, le mari qui a vieilli mais qu'on retrouve jeune, le papa qu'on ne connaissait pas, l'enfant devenu adolescent... 5 prisonniers étaient morts en captivité. Le dernier qui rentrera à Haspres sera Paul Dhainaut.
Son "aventure" est digne d'un roman.  Libéré par les Russes en Prusse Orientale, il ne pouvait revenir à Haspres (il aurait dû franchir le front Germano-soviétique ... l'Allemagne hitlérienne ... le front Germano-américain). il fut donc envoyé par les Russes à Mourmansk, là-haut, sur le cercle polaire, au pays du soleil de minuit, à 5.000 km d'Haspres.  Il y resta plusieurs mois et aidé par l'ambassade britanique, embarqua sur un vieux "rafiot" anglais, passa par le Cap Nord, la Norvège, le Danemark,... et revint à Haspres pour fêter son retour et la ducasse de septembre. Haspres-Mourmansk via la Prusse Orientale et retour soit 11.000 km : départ : septembre 1939... retour : septembre 1945.
     Cette "Odyssée" mettait un terme à la vie des haspriens pendant la seconde guerre mondiale. Entre temps, l'Allemagne avait capitulé le 8 mai et le Japon le 2 septembre.
 
GUERRE 1939-1945 : VICTIMES MILITAIRES.
 
BOUCLY François

BOURLET Gustave

CARRE Albert

DELHAYE Hector

DHAUSSY Henri

DUPAS Charles

HOT Emile

LECOMTE Henri

MARCHANT François

MELON Gustave

MORELLE Victor

NANCEL Armand

RUFFIN Maurice
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décédé le 25 avril 1940. 1er Dépôt d'Artillerie au Mans.

décédé suite à sa captivité en Allemagne.

engagé volontaire. tué à Mulhouse (fin 1945)

décédé en captivité en Allemagne.

tué par méprise par un soldat allemand en revenant du théâtre au stalag.

F.F.I. tué à la libération de Paris ( 26 août 1944 ).

décédé en captivité en Allemagne.

tué à Odometz en essayant de rejoindre Dunkerque ( mai 1940 ).

tué à Bohain Invasion allemande ( 18 mai 1940 ).

F.F.I. tué à la libération ( Douchy, 2 sept. 1944 )

décédé en captivité en Allemagne.

tué en Italie. Assaut du Mont Cassino ( décembre 1943 )

décédé en captivité en Allemagne.
 
VICTIMES  CIVILES.
 
CROCFER Edmond

DHAINAUT Augustine

DRANCOURT Aline

DUQUESNE Joseph

FIEVEZ Michel

GILLERON Rose

GUIDEZ Armand

LAMAND Hugues

LAMOTTE François

LEMOINE Alexandre

MARCHANT René

MOREAU Jules

MORELLE Léon

TAISNE Lucien
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torturé par la Gestapo prison de Loos ( début 1941 ).

tuée à la Libération Chemin de Villers ( 2 sept. 1944 ).

tuée au bombardement d'Arras. Évacuation ( 20 mai 1940 ).

tué civil. Siège de Dunkerque ( mai 1940 ).

enfant tué par l'explosion d'un obus anti-char ( Calvaire, 10juillet 1940 ).

fillette tuée à Marquette en Ostrevant. Siège de Bouchain ( 22 mai 1940 ).

écrasé par un camion allemand. Denain ( 25 avril 1941 ).

tué au bombardement de Bully les Mines. Évacuation ( 20 mai 1940 ).

tué au bombardement de Bapaume. Évacuation ( 20 mai 1940 ).

enfant tué par l'explosion d'un obus anti-char ( calvaire, 10juillet 1940 ).

enfant tué par l'explosion d'un obus anti-char ( calvaire, 10juillet 1940 ).

enfant tué par l'explosion d'un obus anti-char ( calvaire, 10juillet 1940 ).

tué au bombardement de Sains en Gohelle. Évacuation ( 20 mai 1940 ).

Porté disparu.