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            Haspres, département du nord, chef- lieu Douai, arrondissement de Douai (également) Eh oui ! C'était ainsi au début de la révolution, mais depuis.....
            La commune d'Haspres, comme une trentaine d'autres communes, dont Saint-Amand les Eaux, Douchy-les Mines et Denain, font parties depuis janvier 2001 de la communauté d'agglomération, dite " La Porte du Hainaut ", dont le siège ce trouve à Wallers-Arenberg.

Naissance des départements :

           Le 15 janvier 1790, l'Assemblée Constituante décida que la France serait partagée en 83 grandes fractions qui porteront le nom de département éliminant ainsi le terme provincial de l'ancien Régime. (Le nombre atteindra le chiffre de 130, lors des annexions de Napoléon 1er sous le 1er empire).
          Ce "partage" fut confié à THOURET juriste de Rouen, aidé de Mirabeau, Duquesnoy et Barnau qui procédèrent d'abord à un décomptage géométrique : des carrés de taille sensiblement identique, limités par les méridiens et les parallèles. On aurait alors donné un numéro à chacun des départements. Cette idée fut reprise au travers de l'immatriculation des véhicules à moteur et du code postal. Mais ce projet qui selon ses adversaires, "mettait en morceaux la France, d'une façon barbare" fut rejeté. Finalement Mirabeau décida que la division "resserrerait les liens unissant depuis longtemps les moeurs, les habitudes, les coutumes, les langages des citoyens".
        Il fallut donner un nom à chaque département, nom qui fut en rapport avec le fleuve le traversant (Somme, Aude, Rhône...), avec un lieu géographique (Vosges, Jura, Cantal...), avec sa situation géographique (Nord, Finistère : fin des terres...).

Choix des Préfectures :

        Chaque département fut doté d'une capitale : la préfecture. Ce choix donna lieu à des querelles de clochers, des débordements de passions. Lille prétendait être la ville la plus peuplée, la plus centralisée, faisait état de ses richesses. Mais Douai, ville parlementaire et universitaire de l'ancien Régime est défendue par Merlin, un des plus célèbres députés de la Constituante. Valenciennes aussi posa sa candidature, (voir plus bas).
        Finalement Douai fût déclarée préfecture du Nord le 7 février 1790,  jusqu'au jour où... le 6 juillet 1803, Bonaparte 1er Consul se rend à Lille, visite espérée depuis longtemps par les Lillois. Le Conseil Municipal prévoit une somme importante pour la Cérémonie. Bonaparte rencontre l'Évêque de Cambrai et passe en revue les troupes de la garnison sur l'esplanade. Visite des fortifications, banquet, bal... Le 1er Consul fut satisfait de l'accueil de la ville. Les Lillois en furent récompensés et comblés de joie.
        Le 8 août 1803 par un décret pris à Anvers, Lille devient chef-lieu du département du Nord... aux dépends de Douai.

Département du Nord :

        Le Nord, comme toujours, fut défavorisé. Sa forme démesurément étirée (un boyau rétréci en son milieu) s'étend le long de l'ancienne frontière des Pays-bas. Près de 180 kilomètres séparent le littoral de la limite ardennaise. Il avait été prévu que la distance séparant toute ville de la Préfecture, pouvait être parcourue en 1 journée de cheval, soit 40 kilomètres environ. Haspres et Douai sont distants de 30 kilomètres, Dunkerque est à 100 kilomètres de Douai.
        En outre qu'y a-t-il de commun entre un journalier des Flandres, un mulquinier hasprien et un herbager de l'Avesnois ? Qu'y a-t-il de commun entre la langue flamande et le Rouchi, notre patois picard du Valenciennois ? Et de plus, les voies navigables s'orientent du sud vers le nord formant plutôt une barrière. "Ensemble de divisions, disait-on, contraire à l'intérêt public et à celui de ses administrés". Tant pis pour eux.

Valenciennes délaissée :

        Valenciennes avait souhaité et souhaite toujours, être le chef-lieu d'un département comprenant le Hainaut, le Cambrésis et l'Avesnois auquel on aurait donné le nom de département de l'Escaut. L'autre  partie du département aurait gardé son nom, ou choisi entre le nom de département des Flandres ou département du Littoral. La ville s'honorait d'avoir été le siège de l'intendance du Hainaut. Elle invoqua son passé historique et artistique, son plein essor industriel (3500 mineurs déjà à la compagnie des mines d'Anzin), le trafic intensif de son fleuve.
        L'éventualité de la création du département de l'Escaut sera reprise plusieurs fois et en particulier en 1870 par l'avocat Valenciennois Louis Legrand, mais sa campagne restera sans effet vue son argumentation raciste à l'égard des Flamands.
       Le 20 août  1886, le Conseil Municipal d'Haspres présidé par le maire Ernest Lestoille, hélas les demandes furent et restent toujours vaines.
       Et de plus, Valenciennes n'est même pas chef-lieu d'arrondissement, (siège que lui ravira Douai) et devra se contenter d'être un simple chef-lieu de canton. Démarches, voeux, interventions politiques... il faudra attendre 1824 pour que l'Athènes du Nord devienne sous-préfecture.

Canton de Bouchain, Canton de Denain :
 
        Haspres aurait pu être chef-lieu du canton, car elle était parmi les 27 communes (ramenées plus tard à 21), la plus peuplée. Elle atteignait les 2000 habitants tandis que Bouchain et Denain avoisinaient les 1000 habitants, malheureusement la ville était décentrée.
        Bouchain était une ville puissante, entourée de remparts. Sa châtellenie représentait l'ancien comté de l'Ostrevent. C'est à Bouchain que les délégués haspriens Joseph Lagrue et Pierre Mercier se rendirent pour la rédaction des Cahiers de Doléances. Elle bénéficiait en outre d'un Relais de Poste sur la route de Valenciennes, Cambrai, Paris, relais qui se trouvait auparavant à Haspres. Devenue chef-lieu de canton, la ville va, au fil des ans profiter de nombreux avantages : tribunal, perception, bureau d'enregistrement, notaires, huissiers, banques, écoles primaires et supérieures... et on y allait au "Passach Consel". On y allait aussi pour passer le Certificat d'Etudes.

         La découverte et l'exploitation du charbon à Denain en 1828 vont provoquer une ascension démographique fulgurante. De 1600 habitants en 1830, la ville va passer à 5000 habitants en 1840 et atteindra 16000 habitants en 1885. Les Denaisiens vont vouloir à tout prix que leur cité devienne chef-lieu de canton, ce qui va provoquer une levée de boucliers des Bouchinois et déclencher les mêmes rivalités que pour le choix des préfectures et sous-préfectures.


         Le 5 novembre 1871 le Conseil Municipal d'Haspres, Un projet de loi fut déposé à la chambre des Députés. Ce projet tendait à diviser le canton qui comprenait  21 communes. Bouchain resterait le chef-lieu de canton de 14 communes à caractère agricole dont Haspres, Avesnes le sec, Lieu St Amand... et Denain deviendrait chef-lieu d'un canton comprenant 7 communes à caractère industriel dont Douchy, Escaudain...

        Le mardi 14 décembre 1886, le projet fut adopté sans difficulté par la chambre des Députés et approuvé le sur lendemain par le Sénat. Après 40 années d'attente les Denaisiens triomphent et font entendre leur joie en chantant : 
       "Denain si y'est pompette, faut pas faire attention, ch'est aujourd'hui es'fiète, car y'a gagné s'canton".
        Dès ce jour les Pipis Malo de Douchy allèrent au "passach' consel" à Denain et les Tiots d'Hap continuèrent comme leurs ancêtres, à aller à bouchain et ceci jusqu'en 1965.