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La France compte 39 250 000 habitants recensés
début mars 1906, dont un million d'étrangers. En
février, Fallières a été
proclamé Président de la République,
succédant à Loubet, De petite taille,
ventripotent, il est la cible des caricaturistes. Il n'exerce qu'une
faible influence politique, se bornant à confier les
responsabilités du pays à des
personnalités de premier plan, dont Clemenceau ministre de
l'Intérieur (le premier flic de France), puis
Président du Conseil la même année. La gauche remporte les Législatives, qui opposaient les défenseurs de l'Église et des écoles confessionnelles aux anticléricaux. Le ministère du Travail est créé et le repos dominical obligatoire est publié. Dreyfus, gracié en 1904 pour raison de santé, est réhabilité. Le capitaine est décoré de la Légion d'Honneur dans la cour de l'École Militaire, là où il fat dégradé 12 ans auparavant. La conquête de l'air passionne les Français. Santos Dumont réussit avec son aéroplane, un vol de 220 mètres. Sport : - en cyclisme, après avoir dominé ses adversaires dans la montagne, René Pottier, gagne le 4ème tour de France dont la première étape s'arrêta à Lille. - en football, au Parc des Princes, les Français subissent face aux Anglais une sévère défaite. Les tricolores sont écrasés par un score de 15 à 0. - défaite également en rugby lors du premier match international. Les Ail Blacks étrillent les Français par un score de 23 à 3. On était loin des 0 à 0 ou 1 à 0 des ennuyeux matchs actuels. Les deux grands événements de l'année 1906, seront la catastrophe de Courrières et l'inventaire des biens des églises. Courrières : 10 mars 1906. A 6 heures 30 minutes, une terrible explosion se produit au fond de la mine, où 1800 mineurs étaient descendus. De courageux sauveteurs interviennent, d'autres arrivent de toutes les Compagnies. Il en viendra même de Westphalie. Ces courageux dont 16 trouveront la mort vont découvrir l'horreur à chaque pas. Cadavres brûlés, asphyxiés, écrasés... beaucoup sont méconnaissables. Scènes atroces: remontée des corps... anxiété des familles... reconnaissance... on pleure les disparus (il y en aura 6 dans une même famille). Le bilan de la catastrophe est le plus important qui ait eu lieu dans le monde de la mine : 1099 morts. Puis vint le jour lugubre des funérailles. Sous une tempête de neige, un cortège d'un kilomètre de long, accompagne les cercueils après le service religieux. Les corps non identifiés reposeront dans une fosse commune. Vingt jours après le drame, 13 survivants qui avaient vécu l'enfer, remontent au jour, alors que les recherches étaient abandonnées. 5 jours plus tard, un dernier survivant refait surface ! On s'interroge sur les responsabilités de la catastrophe : coup de grisou imprévisible? Insécurité connue des « patrons » ? Pourquoi a-t-on si tôt arrêté les recherches ? Les juges d'instruction de Béthune et d'Arras rendirent une ordonnance de non-lieu. |
![]() C'est le début de la grève et de ses rixes sanglantes. Tout le bassin Houiller se révolte. Multiples incidents avec les forces de l'ordre. A Bully, un officier est gravement blessé. A Lens, un lieutenant tombé de son cheval est tué. Violents affrontements, à Denain (8000 manifestants dans la rue Villars). Le 19 avril, Clemenceau arrive dans la Ville Feumière. Il est conspué et doit rejoindre la gare, hué par la foule. Pour sauver les apparences, il promet à une délégation de grévistes tout ce qu'elle demande... et le lendemain décrète l'État de siège. 2000 cavaliers investissent le Denaisis. Les affrontements sont de plus en plus violents. L'un des derniers épisodes fut appelé par les journalistes "la bataille d'Haveluy". il y a des dizaines de blessés, dont certains sont gravement atteints. Hélas, les manifestants "s'essoufflent", ils ont obtenu de petites augmentations de salaire. Petit à petit, ils reprennent le chemin de l'usine et de la fosse. Le 28 avril, la reprise est totale. Ce fut un second Germinal. Inventaire des Biens des Églises. ![]() Dans le Nord, les premiers inventaires ont lieu à Boulogne où les fonctionnaires sont reçus à coup de pierres. Bagarres à Lille et à Gravelines où l'on relève des blessés. Les portes des églises sont enfoncées. A Boeschèpe, un père de trois enfants est tué... A Haspres, l'affrontement fut heureusement évité. Haspres en 1906. La population recensée en début d'année 1906, s'élève à 2843 habitants, (2780 au dernier recensement), 81 naissances, 60 décès dont 8 bébés pour toute l'année 1906. La mortalité infantile est importante à l'époque. Depuis des décennies et jusqu'à nos jours, la population avoisine les 3000 habitants. Pas de "boum" ni de "crack" démographique. A titre comparatif, nous citerons Denain, bourgade de 1000 habitants en 1800, qui dépassera les 33000 en 1970, pour redescendre à 20500 habitants de nos jours. Ernest Lestoille est Maire de la commune en 1906, il le restera jusqu'en 1912. Aux réunions de Conseil Municipal, les élus n'ont pas de grands problèmes à débattre : entretien des caniveaux, graissage des mécanismes des cloches, aide aux indigents... |
Pas de grands travaux, pas de chômage, pas de
grèves, pas de casseurs. Seul l'inventaire des biens de
l'Église viendra à peine troublé la
quiétude du village. Une subvention de 100 francs or, sera
allouée aux victimes de la catastrophe de
Courrières. Les Haspriens abandonnent de plus en plus la charrue ou le métier à tisser pour aller travailler dans la métallurgie à Denain. Certains à pied, d'autres enfourchent les vélocipèdes à pneus pleins. Dur, dur les pavés ! Le nombre d'automobiles traversant le village est croissant. La vitesse est toujours limitée à 10Km/h. Pas de radar bien sûr ! Les chevaux des gendarmes piaffent plus souvent aux portes des cafés, qu'aux carrefours. Le clocher fête ses 2 printemps. Pour l'anniversaire, Charles Laurent, mécène et historien local, réalise un merveilleux tableau de l'ancien clocher. Il en fait don à la municipalité. L'inventaire des biens de l'Église de Haspres. L'inventaire eut lieu, un matin de printemps 1906. L'abbé Baert, prévenu par l'archevêché, avait fait sonner les cloches de l'église à toute volée, ameutant ainsi un grand nombre de paroissiens face à la Mairie et dans l'Enclos. Les Conseillers Municipaux étaient perchés sur la calèche du Maire Ernest Lestoille et l'abbé avait pris place près du cocher. |
![]() Quelques jours plus tard, en début de matinée, un détachement de militaires (dragons et fantassins), arriva à l'improviste dans le village. Des sentinelles furent postées sur les ponts pour empêcher l'arrivée éventuelle des paroissiens opposants. Les fantassins mirent l'arme au pied, face à l'école des filles (actuel club du 3ème âge), tandis que les dragons, descendus de cheval, bloquèrent le passage de l'Enclos. La porte de l'église étant ouverte, les fonctionnaires purent faire l'inventaire dans le plus grand calme. On avait, disait ironiquement Clemenceau, "compté les chandeliers". Nous terminerons l'article par une note triste. C'est en 1906 que César Béra fit construire à Haspres, le tissage qui porte son nom. Il n'entrera en activité qu'en 1907. En 1991 toutes les activités furent transférées à Noyelles sur Selle. Guy MORELLE. Les Établissements Béra auraient dû devenir centenaire; par la volonté de son créateur la société a prospéré plusieurs décennies, et a fait le bonheur de plusieurs centaines de familles. Mais au non du capitalisme outrancier, de l'intérêt financier devançant le respect humain, en quelques années ce fleuron a été sacrifié au nom de la rentabilité. JF DELATTRE. |
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