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NOTRE RIVIÈRE : LA SELLE.
 
     Son cours : La Selle prend sa source à Molain petite bourgade de l'Aisne : 152 habitants, 182 ha. Il y a en fait plusieurs petites sources, mais la plus "authentique" est celle de Molain, qui filtre au bas d'un escarpement.
     L'endroit est bien aménagé : sentier, parking, aire de jeux. De cette source part un ruisselet qui en reçois un autre. Ainsi naît la Selle qui arrose alors son premier village : St Martin Rivière. Elle entre dans le Nord à St Souplet puis laissant St Benin sur un piton rocheux, passe sous un merveilleux viaduc bâti en 1850, un mini pont du Gard composé de huit grandes arches et de nombreuses arcades, et sur lequel passe la ligne SNCF Paris Bruxelles.
     Elle reçoit ensuite sur sa rive gauche, son premier affluent : les Essarts. Au Cateau, elle longe le Parc Fénelon dont elle alimente les bassins. L' Archevêque de Cambrai venait y méditer. Avant Montay elle reçois sur sa rive droite le Cambrésis, lui-même grossi du Richemont. Elle passe alors sous la voie romaine dite Chaussée Brunehaut, arrive à Neuvilly où elle longe la guinguette célèbre voici encore quelques années pour ses ébats amoureux.
     Elle arrose ensuite Briastre et Solesmes elle reçois le Béart qui, comme la Rhônelle à Valenciennes passe en grande partie sous la ville. D'autres affluents de moindres débits, les "tiots rios" viendront la grossir par la suite.
     Voici St Python, Haussy, Saulzoir qui mérite une mention grâce à la restauration du moulin (voir plus bas). Elle quitte le Cambrésis pour entrer dans le Valenciennois à Haspres où ses deux bras enchâssent la ville et sa Prévôté : belle chute d'eau à Noyelles où le moulin est toujours en activité.
     A Douchy, elle alimente l'étang du parc Maingoval, un lieu romantique et la voici à quelques centaines de mètres de l'Escaut. Est-elle capricieuse ? Veut-elle prolonger son cours ? Elle longe le fleuve pendant près de 2 Km pour s'y jeter enfin après l'écluse de Denain. Une grille posée par les voies navigables et surmontée d'une passerelle arrête les troncs d'arbre, branchages, résidus divers juste avant le confluent. L'endroit est répugnant. Quel dommage qu'une aussi belle rivière ait une fin aussi triste ! Elle a parcouru 52 Kms dont 47 dans le Nord, arrosé 16 communes, avec un débit avoisinant les 2m3 1/2 seconde et subit une dénivellation de 90 m.
 
MOULINS ET VANNAGES.
 
     Une trentaine de moulins longent la rivière : 20 sont à la charge du Syndicat de la Selle dont 11 conventionnés. Douze ont déjà été restaurés et un seul est toujours en activité. Il est impossible de s'attarder sur chacun d'eux, nous citerons que quelques uns.
     Le Moulin Latour de Briastre. Un ménage d'enseignants, Monsieur et Madame Belleval l'ont acheté et se chargent de le restaurer. Le matériel est toujours là : turbines, cylindres de tri, broyeurs, système de rouage ... Ils ont acheté aux frères Bourlet d'Haspres la roue à aube qui reposait dans la cour du vieux moulin.
     Le projet des époux Belleval serait, après restauration totale de créer deux gîtes ruraux et ateliers d'art plastique (bonne initiative méritant d'être encouragée).

Le Moulin de Saulzoir
     Le Moulin de Saulzoir qui lui aussi est une des plus belle restauration dans lequel la commune a installé une bibliothèque. 4 MF de frais pour l'achat et rénovation : parking, sablage des briques, aménagement ...
     Le très connu Moulin Bulté que toute une génération fit fonctionner sans interruption pendant plus d'un siècle. L'ancêtre Antoine Bulté naquit à Vertain en 1812. Signalons qu'il fut protégé par les Allemands pendant la 1ère guerre mondiale en souvenir de travaux effectués en 1911 par une firme de Dresde.
     Le vieux Moulin d'Haspres a déjà fait l'objet d'une page, quand au moulin de Fleury qui n'est plus que ruines, il fut au début du siècle dernier sucrerie. Lors de la campagne 1900-1901 il produisit 1500 tonnes de sucre.

Le Moulin de Noyelles
     Citons pour terminer le Moulin de Noyelles que Monsieur Morage a perfectionné. Une partie de son énergie est produite par l'eau de la rivière. Il est le seul en activité le long de la Selle et l'un des derniers du Nord.
     On compte plus de cent vannes sur le parcours de la Selle dont 12 automatisées, 44 manuelles, les autres étant bloquées. Deux jours par mois elles sont levées puis baissées mais de Mars à Novembre la rivière coule sans retenue
 
LES INONDATIONS .
 
     A l'époque des neiges d'antan, Haspres était régulièrement inondé. On trouve dans les archives municipales un document relatif à une inondation de 1894 suite à laquelle "Le Conseil Municipal alloue une somme de 400 F (Francs or) qui sera remise au distributeur lequel sera chargé de la distribuer parmi les sinistrés".
     Le plus spectaculaire de toutes fut celle de mai 1939. Imprévisible (aucune précipitation) énigmatique ? Ce fut l'inondation du siècle : chevaux ayant de l'eau jusqu'au poitrail, boulanger livrant le pain par les fenêtres, carrelages soulevés, meubles flottant dans les chambres ... et joie des enfants qui prenaient la Grand Place pour la plage de Malo. On a parlé de rupture volontaires de digues de la Sambre, expérience qui aurait été renouvelée en cas d'invasion, principe des Hollandais ... nous étions à la veille de la Seconde Guerre Mondiale.

La Place le 21/07/1980
     La dernière remonte au 21 juillet 1980 et eut pour cause une série de pluies torrentielles. En février 2002, les vallées des affluents de la rive droite de l'Escaut : Ecaillon, Rhônelle, Hogneau, Aunelle ... furent inondées mais la Selle grâce aux travaux du Syndicat Intercommunal (curage, consolidation des berges, plantation d'arbres ...) est restée dans son lit. Il y a quelques décennies elle débordait lorsque son débit atteignait 3m3 1/2 seconde, de nos jours un débit de 7m3 seconde n'est plus à craindre.
     Elle a même atteint sans problème les 8m3 23 à Denain le 25 Mars 2001.
 
LA POLLUTION.
 
     Ce n'est pas un problème d'actualité. Déjà en 1897 le Conseil Municipal d'Haspres est intervenu auprès de Monsieur le Préfet du Nord après avoir émis le voeu que " les industriels qui déversent des eaux infectes dans la Selle qui était autrefois si poissonneux et qui aujourd'hui ne renferme plus aucun poisson soient mis en demeure de prendre des dispositions pour remédier à cet état de choses."
     Pendant de nombreuses années, les usines riveraines (sucreries, brasseries, teintureries, métallurgies) déversaient sans problème leurs résidus dans la rivière qui recevaient en autre les eaux usées de lessive, de toilette ... Certains riverains la prenaient pour une décharge. Ajouter à cela le problème plus récent du ravinement entraînant limons, pesticides ...
     La disparition de certaines usines, l'obligation faite aux autres de créer des bassins de décantation, le réseau d'assainissement (tout à l'égout) le ramassage des ordures ménagères et encombrants ... ont fait que la rivière est devenue beaucoup plus saine. Elle atteint ce qu'en langage technique on appelle le niveau 2 espérant atteindre le niveau 1. Reste hélas le problème du ravinement que le Syndicat de la Selle espère endiguer par la création de bassins de retenues avec bandes herbagées jouant le rôle d'éponge. Signalons enfin qu'il n'y a pas de pollution accidentelle depuis plus de trois ans.
     La faune renaît. On y retrouve des gammares : crevette d'eau, des porte-bois, des grenouilles. Les truites y vivent, y grossissent causant la joie des pêqueux d'Hapt. Certaines même, en amont de Solesmes s'y reproduisent .
 
LE SYNDICAT DE LA SELLE.
 
     En 1989, sous l'impulsion de Monsieur Grimaldi, Maire du Cateau, un syndicat intercommunal (appelé également Syndicat de la Selle) est créer. Son but : aménagement hydraulique de la vallée de la Selle et de ses affluents. Le siège repose à la Mairie d'Haussy. Ce syndicat est géré depuis Mars de l'an, 2000 par Monsieur Nicolas Lécluse ingénieur en environnement, homme sympathique, dynamique, aidé de trois techniciens parmi lesquels J.Michel Lasselin, originaire d'Haspres.
     Nous rappellerons ses activités : curage, consolidation des digues, plantations, entretien des moulins et des vannes, lutte contre les rats, prélèvements ... activités qui portent leurs fruits.
 
LA BATAILLE DE LA SELLE (SALIS)
 
     En 57 avant J.C., Jules César et ses légions envahirent notre région la Nervie dont la capitale était Bavay : Bagacum et anéantirent l'armée nervienne dans la vallée d'une rivière : la Sallis.
     Certains historiens pensent que cette vallée est celle de la Sambre mais l'hypothèse de l'affrontement dans la vallée de la Selle est de plus en plus retenue. Où exactement ? Aux environs de Solesmes d'après le Docteur Bombard, à Denain d'après l'historien Emile Carlier, sur le territoire de Saulzoir d'après Monsieur Xoflair vétérinaire ... peut être aussi entre Haspres et Noyelles étant donné l'existence d'un ancien camp romain au lieu dit les Hautes Frêtes. La bataille de la Sallis reste et risque de rester encore longtemps une énigme.
     Nous terminerons sur une note poétique : quelques vers composés autrefois par deux élèves de CM1 : Florence Goëmaes et Emile Roselle.

                                                  La Selle notre rivière, prend sa source à Molain,
                                                  Arrose les villages, les près et les jardins,
                                                  Passe sous les ponts, actionne les moulins ... et
                                                  Sans se faire de bille, sans sortir de son lit
                                                  Se jette dans l'Escaut en passant par Fleury.

Guy MORELLE
(Historien local)