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Les établissements César Béra |
Dans l'article
consacré aux "Mulquiniers", nous avions
évoqué l'époque
où, dans presque toutes les caves des maisons d'Haspres,
reposait un
métier à tisser, que le tisserand (souvent
également petit paysan,
artisan, commerçant...)manoeuvrait. Le fil de lin était procuré par un négociant qui, moyennant finances venait prendre la toile confectionnée et la revendait à des grands magasins du Cambrésis, du Valenciennois et même de Paris (Samaritaine, Galeries Lafayette, Le Louvre). Parmi les négociants locaux, nous citerons les noms des Cossart, Cacheux, Laurent, Vérin, Déplanque... et César Béra qui devant le développement des tissages mécaniques fit construire en 1906, l'usine qui porte son nom. |
La famille Béra : |
Les Béra, comme les Morelle, Taisne, Lestoille font partie
des plus
vieilles familles d'Haspres. On relève dans les registres
Paroissiaux
de l'Archevêché de Cambrai l'existence d'un
Nicolas Béra né le 6
juillet 1648, à l'époque où notre
village dépendait des Pays
Espagnols. Ce Nicolas Béra était tisserand et
cultivait quelques
lopins de terre. La famille se continue par Jean Béra
(1676-1742), Jean
François Béra (1713-1791), Jean-Baptiste
Béra (1750-1822),
Jean-Baptiste Béra (1785-1855). Henri-Joseph Béra
fils du précédent,
devint entrepreneur de tissage à façon regroupant
plusieurs centaines
d'ouvriers dont beaucoup habitaient le Cambrésis. Il
épouse Anne
Marguerite Mériaux et de cette union naquit le 15 janvier
1864 César
Béra, fondateur des établissements du
même nom. César Béra, (1864-1946) après des études au pensionnat de Beaucamps fut nommé instituteur à Lille. Après quelques années d'enseignement, motivé par ses soeurs, il fonde en 1895, une société commerciale et suite au développement de l'industrie textile, fait bâtir le tissage rue Taquet. En 1898, il épouse Émilie Richard. De cette union naît Jean Béra (1899-1969) qui épouse Jeanne Bruyelles. Tous deux auront un fils, Jean né en 1928 qui n'a pas de descendant et une fille,"Lily" née en 1930 qui épouse un "Américain" M.Smith. Ils auront deux fils restés aux États-Unis. |
Le tissage Béra... au fil du temps : |
1895 - Création par César Béra d'une
organisation de tissage à
domicile. 1906 - Une grande date dans l'histoire d'Haspres, César Béra installe rue Taquet (actuelle rue Faidherbe), un tissage mécanique, tout en conservant ses ouvriers à domicile. 1908 - La rue taquet n'avait à l'époque qu'une largeur de 4m50, suite à une demande de César Béra, le Conseil Municipal "considérant qu'en raison de l'important trafic qu'il y existe et qu'en outre pour des raisons d'hygiène, ladite rue sera élargie de 2 mètres". Monsieur César Béra fait pour les travaux, un don de 200 francs or. Le Conseil Municipal remercie M.Béra pour ce don. 1911 - Après la grève de 1909, suite à laquelle les ouvriers avaient obtenu une augmentation de 5%, celle de 1911 eut un caractère "original". Elle fit la Une du quotidien régional le Réveil du Nord qui la qualifiera de grève sans grévistes. A Haspres, c'est le calme habituel de la petite bourgade, aucune animation, aucune manifestation particulière... Une Grève ? On ne le dirait pas... puisqu'on ne voit pas de grévistes. Ils sont tous momentanément employés aux champs, dans les cafés, aux ateliers de Denain ou d'Anzin... 1914 - Première guerre mondiale. Invasion Germanique, réquisition de matériaux (surtout le cuivre des chaudières pour fabriquer des douilles d'obus), pillage, vandalisme, M César Béra sera blessé lors de la retraite des allemands en octobre 1918 et il faudra attendre... 1919 - Pour la réouverture de l'usine. Ouverture la même année d'un service commercial à Paris. 1925 - Création à Haspres d'un atelier de confection. Les établissements Béra deviennent "Société à responsabilité limitée". 1927 - Construction d'une blanchisserie, teinturerie à Noyelles. 1929 - Pollution de la Selle (déjà !). Un cultivateur de Noyelles, riverain de la Selle, signale à la Préfecture de Lille, qu'une de ses bêtes est morte après avoir bu de l'eau de la rivière polluée par la teinturerie. Enquêtes, surveillance, rapports... M Béra se voit obligé de construire des bassins d'épuration. 1936 - Achat d'une usine à Maretz, qui fermera ses portes en 1960. 1936 - Année de Front Populaire. L'usine Béra comme toutes celles de la région est touchée par la grève. Défilés, manifestations, drapeaux et chansons... Les ouvriers vont bénéficier des avantages des Accords de Matignon (7 juillet 1936) : augmentation des salaires et surtout congés payés. Beaucoup vont, pour la première fois de leur vie, se rendre à Berck et surtout à Malo ! Guerre de 1939-1945 - Achat de l'usine de Chomérac (Ardèche), censé travailler pour la Défense Nationale, cette usine de replis devait fabriquer de la toile d'avion et de parachute. Elle fermera ses portes en 1955, comme celle implantée au Maroc (1957). Invasion allemande (et RE !!) L'usine de Noyelles est réquisitionnée. A Haspres on craint le pillage, les bombardements, (le tissage de Saulzoir fut bombardé le 12 juin 1944). Les allemands n'allaient-ils pas lors de leur déroute dynamiter l'usine comme ils avaient en 1918 dynamité les ponts, la gare... Il n'en fut rien. Le tissage fonctionne avec obligation de livrer une partie de la production à l'occupant. 1946 - Mort de César Béra. Les établissements sont repris par son fils Jean et en 1951 Jean Béra junior entre à son tour dans la société. 1960 - Achat de la première machine à imprimer provenant d'Italie. 1968 - La société Béra se lance dans la production de revêtement mural. Mai 1968. Vaste mouvement de grève en France. Dans un premier temps, un référendum est organisé aux établissements Béra - grève ou pas, - La majorité des ouvriers vote pour la poursuite du travail. Mais suite à l'intervention des ouvriers d'Usinor Denain, la grève est déclenchée et dure 3 semaines. Désormais les ouvriers seront rémunérés à l'heures (et non plus "aux pièces") garantissant une augmentation de salaire régulière. 1969 - Fermeture du tissage. Devant la nécessité de moderniser les usines d'Haspres et de Noyelles et devant l'impossibilité de transformer les 2 sites, la production se poursuit à Noyelles, bureaux, stockage, expéditions restent à Haspres. La même année Jean Béra père décède. Les années suivantes, sont marquées par différents travaux : pré-bassin d'assainissement, extension des ateliers, implantation de la confection à Noyelles... 1988-1989 - Après être devenue Société Anonyme en 1981, les Etablissements Béra sont rachetés par le groupe Zucchi. Jean Béra fils, démissionne de son poste de P.D.G, au profit de Manlo Zucchi et la direction de l'usine est confiée à Patrick Belluzi. 1991- Toutes les activités sont rassemblées sur le site de Noyelles. |
Y a-t-il une vie après la mort ? |
Les ouvriers ont quitté Haspres pour Noyelles, les locaux
sont vides ou
presque, il ne reste que très peu de stock dans des
bâtiments très
vétustes. Les bâtiments abandonnés
deviennent vite une friche
industrielle au coeur de notre ville. Cette situation n'échappe pas aux élus locaux, qui très vite s'intéressent aux bâtiments, les idées fusent : zone artisanale, zone industrielle, habitations, bâtiments communaux, chacun y va de son projet, mais l'idée qui persiste est celle d'installer en centre ville une maison d'accueil pour personnes âgées. La perspective est séduisante, nous sommes au coeur du village, l'espace libéré est important et chacun s'accorde à dire qu'il faut adjoindre à cette maison d'accueil, des habitations réservées aux personnes âgées qui ne peuvent plus entretenir leur habitation, trop grande, trop coûteuse. Ces personnes souhaitent souvent revenir en centre ville dans une habitation plus petite, souvent plus confortable et à taille adaptée. Mais les élus pensent aux jeunes couples Haspriens, qui souhaitent eux aussi rester au pays et qui ne trouvent pas de logements locatifs dans notre village; une partie de ces maisons pourraient leur être destinées. Dès 1998, les premières décisions au sein du conseil municipal sont prises pour acquérir cette friche et prévoir sa transformation. Un accord pour le rachat des bâtiments, est trouvé avec la famille Béra. En 1999, grâce aux fonds européens pour la réhabilitation des friches industrielles, les constructions sont démolies, les terrains sont mis à nu et clôturés dans l'attente d'une nouvelle implantation. Depuis cette date, les élus ne cessent de travailler pour aboutir dans leur projet d'implantation d'une maison d'accueil pour personnes âgés. Mais de l'idée, à la réalisation, les écueils sont nombreux : la décision ne dépend pas uniquement de la volonté communale de faire naître ce projet. Différents acteurs publics sont partie prenante dans l'affaire et si l'on sent une volonté ferme de la part du Conseil Général, de la part du constructeur, de la part de l'association de gestion en plus de la volonté communale de réaliser le projet, nous sommes tous persuadés que l'Etat ne joue pas son rôle d'accompagnateur en bloquant les crédits de l'action sociale. La ville de Douchy en supporte directement les conséquences, puisque le projet d'une EHPAD (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), malgré un accord CROSS, vient d'être refusé. Sur le site Béra, la volonté communale d'action sociale envers les personnes âgées et les jeunes couples reste toujours de mise; le combat est long, mais la détermination reste intacte; nous somment persuadés que le rôle du service public est de mettre en place ce type de structure au service des aînés partout où l'attente est importante. L'âge moyen de nos compatriotes ne cesse de s'allonger, et une société responsable se doit de mettre en place les structures pour accueillir une population avec des besoins grandissants, mais elle doit avoir aussi comme objectif la volonté réelle de voir ces anciens rester le plus longtemps possible dans les lieux où ils ont passé l'essentiel de leur vie. Les paersonnes âgées doivent pouvoir garder le contact avec leur famille et amis, garder un grand nombre de leurs habitudes, pour continuer à avoir cette envie de vivre. Avec toutes les instances impliquée dans ce dossier, nous continuerons à défendre ce projet avec ardeur, afin qu'il voit le jour le plus tôt possible. Nous ne manquerons pas d'informer notre population de son avancement. Guy Morelle et Jean-François DELATTRE. |