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titre de la page "le pigeonnier"
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A la découverte du plus vieux bâtiment d'Haspres.
     Lors de la parution de son livre "Haspres et son passé". M. Guy Morelle, instituteur aujourd'hui à la retraite et passionné d'histoire, n'avait consacré que quelques lignes sur le plus ancien bâtiment de son village... faute de documents et de renseignements précis. Toujours désireux d'en savoir plus, M. Morelle a depuis effectué des recherches aux Archives départementales, de Mons et de Bruxelles et découvert d'intéressantes précisions sur l'ancestrale bâtisse qui jouxte sa maison et que tous les anciens Haspriens désignent comme étant "Le pigeonnier".
     Ce bâtiment était, à l'origine, l'entrée d'un couvent de jeunes filles appelé Saint-Victor de Paris, fondé en 1230 par l'évêque Godefroy de Cambrai et dont la Supérieure se nommait Alice d'Auxi. Ce couvent s'étendait sur un immense rectangle limité de nos jours par les rues de Valenciennes, de Thiant, du 8-Mai, et de Lodieu. Il ne figurait ni sur les vieux plants du village, ni sur les miniatures du Duc de Croy car il fut bâti en dehors du village, ce qui nécessita ses fortifications accolées à l'enceinte de la rive droite de la Selle.
Une Cense fortifiée.
     Les soeurs n'y vécurent que quelques années et se retirèrent à Tournai. Le Couvent devint alors la propriété de la prévôté et fut transformé en cense fortifiée appelée Cense de Maupré. La base du bâtiment comme celle de beaucoup de vieille demeures Vous ètent ici  >> haspriennes (l'ancienne forge René Levecq par exemple) était construite en grès, surmontés de pierres blanches tirées des carrières d'Avesnes-le-Sec. Le portail, rebouché de nos jours, a la forme d'un arc brisé de style gothique. On distingue plus haut deux pierres faisant saillie et qu'on croyait être des gargouilles. Il s'agit en fait de "corbeaux", pierres de soutien d'un échafaudage ("brétèche") sur lequel se tenaient les défenseurs de l'entrée des souterrains, dont l'entrée existe toujours dans certaines caves de la rue de Valenciennes, devaient communiquer avec une autre cense, dite de Bongré.
     Les archives départementales mentionnent que la Cense fortifiée de Maugré, dépendante de la Prévôté, fut occupée par les Denis, Bricout et toute une génération de Diseler, dont beaucoup furent mayeur ou échevin de la Franche Ville d'Haspres. Le dernier Censier fut Jacques Diseler dont l'ultime bail connu date de 1749.
     La Cense de Maugré comprenait deux bonnes "charrues", soit soixante hectares de terres labourables dont le "rendage" se montait à deux cents mencauds de blé et 574 florins.
Bien national.
     Sous la révolution, Jacques Diseler émigra. La Cense fut alors vendue comme bien national comme toutes les propriétés appartenant à la prévôté. (rappelons qu'à Haspres, le clergé possédait à lui seul 650 hectares de terres, soit 65% du territoire)... La vente eut lieu au district de valenciennes, vraisemblablement à la même date que celle de la vente de l'Abbaye (janvier 1793).
     La Convention, voulant favoriser les petits propriétaires, contribue à son morcellement : fermes, jardins, maisons particulières... Les pierres des murailles servirent à la construction de bâtiments existant encore (écurie de l'ancienne ferme René Taisne...). Certains murs de clôture sont surmontes de moëllons sculptés.
     Le vieux bâtiment ne fut pas démoli et résista à près de huit siècles de guerres, d'invasions, de pillage. Il devint pigeonnier, maison d'habitation, remise... Hélas ses pierres blanches commence à s'éffriter, les grés de son socle se descellent. Et M. Guy Morelle de conclure : une restauration malheureusement trop coûteuse serait souhaitable. Espérons que ce bâtiment restera toujours là comme un solide témoin du merveilleux passé de notre bonne Franche ville d'Haspres.