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Plein
essor et Révolution Française. |
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L'activité du moulin fut intense à cette
époque où le pain était la nourriture
principale des Français et où les terres
étaient en grande partie ensemencées en
blé. Les moines qui cultivaient 67 % du territoire y
faisaient moudre leur grain; les petits paysans, qui acquittaient le
droit banal (obligation et redevance) y avaient également
accès.
La
Révolution va marquer un tournant dans la vie du moulin. Le
23 Janvier 1793, la Prévôté est vendue
comme bien national au district de Valenciennes : bâtiments,
terres, dépendances, mobilier, ... Mais le moulin
échappa à la vente : les petits paysans s'y
étaient opposés et voulaient en faire un moulin
communal (propriété collective). Mais ce projet
échoua, et le moulin fut vendu à son tour comme
bien national : "le 17 Prairial an. IV de la République ( 5
juin 1796) : vente au district de Valenciennes des bâtiments
du moulin à eau d'Haspres provenant de la
Prévôté" (archives
départementales du Nord). Le Citoyen Pierre Lagrue,
momentanément meunier, en fit l'acquisition pour la somme de
600 livres. |
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Le
déclin. |
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Plusieurs
générations de Lagrue vont l'exploiter pendant
plus d'un demi-siècle. Mais l'introduction de la culture de
la pomme de terre et de la betterave sucrière va faire
diminuer la production de blé. Puis la vapeur va remplacer
la force de l'eau. De grosses minoteries s'installent et concurrencent
les petits moulins ... et comme celui de Maître Cornille, le
moulin d'Haspres va cesser ses activités. |
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La fée
électricité. |
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La belle époque arrive amenant avec elle "la fée
électricité". Un Cambrésien, M.
Duverger, installe des turbines électriques dans les moulins
de la vallée de la Selle.
Le 17 juin 1904, il obtient
par décision du Conseil Municipal (18 voix pour, 3 contre)
"le monopole de la production électrique à
Haspres, pour 30 ans au prix de 0,70 F le KW'. Le contrat mentionne en
autre, que M. Duverger devra d'abord produire le courant pour
alimenter, 40 lampes de 16 bougies pour l'éclairage des rues
les travaux sont effectués rapidement percement du bas du
mur du pignon pour installer la chambre d'eau et les
génératrices. Après
l'éclairage des rues, ce sera celui de la Mairie, des
écoles, des foyers (100 en 1914). L'électricien
était un nommé Edouard Taisne. Les baisses de
tension étaient fréquentes, ainsi que les
coupures (au cours desquelles les Haspriens aimaient à dire
: "Edouard, y fait un' baisse à Zoé" (son
épouse). Pendant la première Guerre Mondiale,
Edouard est prisonnier en Allemagne. pendant 4 ans, un soldat Allemand
sera chargé de produire le courant avec
modération (couvre feu dès 22 h). En 1918, le
moulin fut fortement endommagé par les bombardements anglais. |
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Second
déclin. |
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Edouard Taisne revient de captivité et reprend ses fonctions
d'électricien. Mais la production s'avère
rapidement insuffisante car, avec la reconstruction, tous les foyers
installent l'électricité. Aussi, en 1932, M.
Duverger "abandonne à la S.E.R.V.A.
(Société Electrique du Réseau
Valenciennes Anzin) la concession de l'éclairage
électrique à Haspres".
Le moulin va être
tantôt abandonné, tantôt loué
à des locataires qui l'entretiennent mal. La seconde guerre
mondiale arrive ... C'est le pillage ... il n'est plus que ruines ...
Puis il y eut un espoir de
restauration : M. Georges Lefebvre, industriel textile qui en avait
fait l'acquisition, avant guerre, voulut le restaurer,
espérant produire sa propre
électricité : mais le projet échoua,
son domicile étant trop éloigne et donc le
"transport du courant"(transformateur, pylônes, fils,...trop
onéreux. |
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Enfin, la restauration. |
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En 1983, les frères Patrice et Philippe Bourlet
rachètent le moulin à M. Lefebvre et,
aidés de leur père, en font la restauration : un
travail de titan, déblaiement ( une grosse meule
retrouvée repose maintenant dans le jardin public),
réfection des murs, de la toiture, des menuiseries,...
Ils ont fait l"acquisition dans l'Orne
d'une grosse roue qui, lorsqu'elle sera posée, rendra au
moulin son aspect d"antan. Il faut rendre hommage à la
famille Bourlet pour son initiative et son courage, et souhaiter que
notre vieux moulin veillera encore longtemps sur la Selle, cette
rivière si belle et si chère au coeur de tous les
Haspriens.
Guy Morelle. |
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