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Les Origines.

    Bien des écrits ont été consacrés à l'église, à la prévôté, aux remparts, au couvent... mais le vieux moulin a été oublié. Pourtant il a lui aussi un passé chargé d'histoire !
    Le moulin figure sur de nombreux documents anciens : parchemin du XVI° siècle, plan provenant des archives militaires de Vincennes (1715 ), plan de 1759, carte du 1° Empire (1806), plan de 1852 (toujours en Mairie).
    Si l'on observe une des miniatures du Duc de Croy relative à Haspres et datant du début du XVII° siècle, on voit à droite un bâtiment tout en hauteur, percé de petites fenêtres, avec une roue, une passerelle enjambant la Selle, un déversoir dont l'eau heurte le chemin de ronde du donjon. Il s'agit de notre moulin dont l'aspect (exception faite de l'absence de la roue) a vraiment peu changé.
    Le bâtiment fut construit par les moines à la même époque que la Prévôté (1613), sur l"emplacement d'un moulin vétuste datant du Moyen-age. Il a subi bien sûr des transformations : on peut lire sur une pierre blanche du pignon l'inscription suivante, "Dom François Doucet, Prévôt de ceste ville, a fait réparer le moulin en 1663".
 
Plein essor et Révolution Française.
    L'activité du moulin fut intense à cette époque où le pain était la nourriture principale des Français et où les terres étaient en grande partie ensemencées en blé. Les moines qui cultivaient 67 % du territoire y faisaient moudre leur grain; les petits paysans, qui acquittaient le droit banal (obligation et redevance) y avaient également accès.
    La Révolution va marquer un tournant dans la vie du moulin. Le 23 Janvier 1793, la Prévôté est vendue comme bien national au district de Valenciennes : bâtiments, terres, dépendances, mobilier, ... Mais le moulin échappa à la vente : les petits paysans s'y étaient opposés et voulaient en faire un moulin communal (propriété collective). Mais ce projet échoua, et le moulin fut vendu à son tour comme bien national : "le 17 Prairial an. IV de la République ( 5 juin 1796) : vente au district de Valenciennes des bâtiments du moulin à eau d'Haspres provenant de la Prévôté" (archives départementales du Nord). Le Citoyen Pierre Lagrue, momentanément meunier, en fit l'acquisition pour la somme de 600 livres.
Le déclin.
    Plusieurs générations de Lagrue vont l'exploiter pendant plus d'un demi-siècle. Mais l'introduction de la culture de la pomme de terre et de la betterave sucrière va faire diminuer la production de blé. Puis la vapeur va remplacer la force de l'eau. De grosses minoteries s'installent et concurrencent les petits moulins ... et comme celui de Maître Cornille, le moulin d'Haspres va cesser ses activités.
La fée électricité.
photo installation du premier pylône élèctrique      La belle époque arrive amenant avec elle "la fée électricité". Un Cambrésien, M. Duverger, installe des turbines électriques dans les moulins de la vallée de la Selle.
     Le 17 juin 1904, il obtient par décision du Conseil Municipal (18 voix pour, 3 contre) "le monopole de la production électrique à Haspres, pour 30 ans au prix de 0,70 F le KW'. Le contrat mentionne en autre, que M. Duverger devra d'abord produire le courant pour alimenter, 40 lampes de 16 bougies pour l'éclairage des rues les travaux sont effectués rapidement percement du bas du mur du pignon pour installer la chambre d'eau et les génératrices. Après l'éclairage des rues, ce sera celui de la Mairie, des écoles, des foyers (100 en 1914). L'électricien était un nommé Edouard Taisne. Les baisses de tension étaient fréquentes, ainsi que les coupures (au cours desquelles les Haspriens aimaient à dire : "Edouard, y fait un' baisse à Zoé" (son épouse). Pendant la première Guerre Mondiale, Edouard est prisonnier en Allemagne. pendant 4 ans, un soldat Allemand sera chargé de produire le courant avec modération (couvre feu dès 22 h). En 1918, le moulin fut fortement endommagé par les bombardements anglais.
Second déclin.
     Edouard Taisne revient de captivité et reprend ses fonctions d'électricien. Mais la production s'avère rapidement insuffisante car, avec la reconstruction, tous les foyers installent l'électricité. Aussi, en 1932, M. Duverger "abandonne à la S.E.R.V.A. (Société Electrique du Réseau Valenciennes Anzin) la concession de l'éclairage électrique à Haspres".
     Le moulin va être tantôt abandonné, tantôt loué à des locataires qui l'entretiennent mal. La seconde guerre mondiale arrive ... C'est le pillage ... il n'est plus que ruines ...
     Puis il y eut un espoir de restauration : M. Georges Lefebvre, industriel textile qui en avait fait l'acquisition, avant guerre, voulut le restaurer, espérant produire sa propre électricité : mais le projet échoua, son domicile étant trop éloigne et donc le "transport du courant"(transformateur, pylônes, fils,...trop onéreux.
Enfin, la restauration.
     En 1983, les frères Patrice et Philippe Bourlet rachètent le moulin à M. Lefebvre et, aidés de leur père, en font la restauration : un travail de titan, déblaiement ( une grosse meule retrouvée repose maintenant dans le jardin public), réfection des murs, de la toiture, des menuiseries,...
    Ils ont fait l"acquisition dans l'Orne d'une grosse roue qui, lorsqu'elle sera posée, rendra au moulin son aspect d"antan. Il faut rendre hommage à la famille Bourlet pour son initiative et son courage, et souhaiter que notre vieux moulin veillera encore longtemps sur la Selle, cette rivière si belle et si chère au coeur de tous les Haspriens.

                                                                                                                        Guy Morelle.