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l'ancienne poste      La poste d'hier, attenante à la mairie fut démolie en 1996, pour permettre les travaux d'embellissement de la mairie telle que nous la connaissons aujourd'hui.
     Les plans de La poste d'aujourd'hui, ont été réaliser par le cabinet d'architecte de monsieur Marchant. Les travaux ont démarrer en 1990 pour s'achever en 1992.
Contacter l'architecte, marchant.p@wanadoo.fr

D'Haspres à Paris... en diligence !

    
AUX XVIIème et XVIIIème siècle la ville d'Haspres était une cité florissante avec sa Prévôté et ses moines qui cultivaient 70% du territoire, ses moulins, ses brasseries, ses fours à chaux, ses tuileries, sa multitude de paysans, d'artisans... mais aussi avec son Relais de poste centre attractif local. On pouvait déjà à l'époque se rendre à Paris en diligence et de là, avec patience atteindre toutes les régions de France.

La Franche Ville d'Appe sur la route de Paris-Valenciennes.

    
Bien avant le service régulier des Messageries, des courriers assuraient déjà une liaison entre les Pays. En 1518 François 1er autorisa Charles Quint à "transporter lettres et paquets de ses propriétés d'Espagne à celles des Pays Bas". La ligne partait d'Hendaye et par 106 relais dont celui d'Haspres atteignait Valenciennes qui, à l'époque faisait partie des pays Bas Espagnols.
     Le terme Poste apparaît déjà dans des textes communaux en 1521.
     Par la suite, en 1681, Louvais fit de la Poste une institution royale fiscale s'assurant le monopole de la Ferme Générale. Ce service desservait toute la France à travers 1450 relais représentant environ 70 000 chevaux. A sa tête se trouvait le Surintendant Général des Postes qui avait sous ses ordres les Maîtres des Postes ayant eux-mêmes sous leurs ordres les postillons, palefreniers, charrons, maréchaux-ferrants.
     Le moyen de transport le plus courant était la diligence, énorme berline tirée par quatre ou six chevaux avec 3 compartiments : le coupé à l'avant, l'intérieur au milieu et la rotonde à l'arrière. Derrière le cocher se trouvait l'Impériale pour les bagages et colis. D'autres véhicules sillonnaient les routes : carrosses, chaises de poste, malles de poste pour le courrier, calèches...
image liste générale des postes
     Les relais étaient distants de 4 à 5 lieux (16 à 20 kilomètres). C'est approximativement la distance d'Haspres à Valenciennes ou à Cambrai. Une Carte Générale des Postes fut dressée. Les routes partaient de Paris : Paris Bayonne, Paris Nantes, Paris Nice (route des vacances... pourquoi pas ?). Paris Valenciennes, une partie du parcours passait par les relais de Péronne, Nurlu, Metz en Couture, Cambrai et Appe. De Cambrai, les diligences atteignaient Naves d'où une route directe en partie disparue menait directement à Haspres. Il en reste "un tronçon" : le chemin de cambrai. Le trajet se poursuivait par Monchaux, Maing, Famars, Marly pour atteindre Valenciennes.

Le relais de la Poste aux chevaux d'Appe.

    
Ce relais se trouvait sur la Grand Place à l'emplacement actuel de la ferme Lestoille et du magasin "Shopi". Contrairement à ce qui a été dit parfois, les bâtiments de Jean-François Delattre ne faisait pas partie de ce relais mais devinrent par la suite l'Auberge du Canard. Son architecture était approximativement semblable à celle de beaucoup d'autres : entrée sous un porche surmonté d'un pigeonnier disparue. A gauche les écuries toujours existantes (une pierre mentionne la date de 1648). En face la grange toujours existante elle aussi avec maréchalerie, charronnerie et nourriture des chevaux. A droite le logement du maître des postes et les locaux d'hébergement qui ont été très remaniés.
     L'arrivée et le départ des diligences étaient l'évènement quotidien et attiraient de nombreux Haspriens : descente des voyageurs "pause pipi", restauration, déchargement des bagages et colis, changement d'attelage... et hop ! fouette cocher !
     Il fallait trois jours pour se rendre d'Haspres à Paris : 17 relais dont deux pour hébergement. On note sur les itinéraires le terme Poste qui, dans ce cas est l'unité pour le calcul du tarif des voyageurs. Cambrai Appe : 2 postes équivalaient à 1 livre 15 sols. Il est difficile de convertir cette somme en anciens francs et encore plus... en euros.
     Hélas pour Haspres, des 1725 la construction d'une nouvelle route relient Cambrai à Valenciennes (voir plus bas) va provoquer le transfert de notre relais à Bouchain.


Les de Lestoille maître de la Poste aux Chevaux d'Appe.

    
On relève aux Archives Municipales de Valenciennes, le nom d'un Robert de Lestoille, successeur de Philippe, de la Poste de la Franche ville d'Haspres dans un procès qui, en 1644, l'opposa aux Maire et Echevins au sujet de "frais de voyage pour élargissement de sa chevalerie".
     Ce Robert de Lestoille est vraisemblablement le père de Guillaume de Lestoille (1620-1692) dont le corps repose dans notre église. (à voir la pierre tombale "exposée dans l'église").
     En 1687, quelques années avant sa mort, Guillaume de Lestoille cèdera sa charge, à fils François de Lestoille (décédé en 1715). Un document d'époque avec sceau de Louvois hélas disparu atteste cette cession de charge dont nous reproduisons quelques passages.
document de cession de charge de Guillaume Lestoille
     A François de Lestoille succèdera son fils, Charles Guillaume (1693-1757). Les archives ne mentionnent pas le titre de Maître des Postes, mais le censier vraisemblablement suite à la suppression  du relais d'Appe en 1742.

Construction d'une nouvelle route reliant Cambrai à Valenciennes.

    
Dès 1725 une nouvelle route reliant Cambrai à Valenciennes et passant par Iwuy, Douchy, Rouviguies est construite. Les anciens l'appelaient la Grand Route ou le pavé de Valenciennes. Travaux gigantesques, pavage de la chaussée, pont sur la Selle, creusement de fossés.
     Le projet de construction avait été appuyé par les moines de la prévôté d'Haspres qui espéraient détourner les armées, le brigandage et éviter les hébergements gratuits car seigneurs et hauts ecclésiastiques se restauraient à l'abbaye sans bourse déliée. Rappelons que Louis XV y séjourna le 21 mars 1677.
     Cette nouvelle route était plus carrossable que l'ancienne dont certains "tronçons" (chemin de Cambrai-Naves) étaient des chemins de terre : désert l'été, bourbier l'hiver. Aussi en 1742, le service général des Postes aux chevaux fit emprunter la route nouvellement construite. Le relais des Postes d'Appe est désaffecté et transféré à Bouchain.
itinéraire poste
Le relais de la Poste aux chevaux de Bouchain.

    
Ce relais se trouvait près du passage à niveau actuel dont les bâtiments existent toujours et sont occupés par la faïencerie Mahieu. Il se situait en fait sur le territoire de Lieu St Amand dans le faubourg de la ville basse.
     En 1742, quand le relais d'Haspres fut désaffecté, ce relais existait déjà et se trouvait sur la route Valenciennes Douai. On cite parmi les Maîtres de Poste les noms de Bouillon, Delavande et Bruno dont les descendants ont gardé la charge jusqu'à sa cessation d'activité.
     De nombreux personnages illustres s'y sont arrêtés. On citera parmi eux Louis XV en mai 1674, Napoléon 1er en 1805 l'année d'Austerlitz, Léopold 1er roi des Belges en 1832... En 1848, lorsque Louis Napoléon Bonaparte (futur Napoléon III ) s'évada du fort de Ham, il emprunta Bouchain, changea de postillon et de chevaux puis atteignit Valenciennes d'où il prit le train pour la Belgique.


Le rail contre la route.

    
La région Nord de la France fut particulièrement favorisée lors de la création du chemin de fer. La première ligne à voie normale relia en 1838 Denain à St Vaast.
     Le 14 juin 1846 fut inaugurée somptueusement la ligne reliant Paris à Bruxelles passant par Amiens, Arras, Douai (avec embranchement pour Valenciennes) Lille, la frontière. Le train des Princes inauguré par les fils de Louis Philippe et de Léopold 1er.
     Désormais, les Valenciennois pouvaient se rendre à Paris par le rail en une demi-journée pour la somme de 21 f 60 en 2ème classe. Il leur fallait 3 jours en diligence pour la somme de 33 francs en Intérieur.
     D'autres lignes furent construites, Cambrai Lille par Bouchain en 1856. Valenciennes Haspres Busigny en 1884.
image train contre messageries
     C'est le déclin de la Messagerie qui réagit ... en vain.
     Elle ne subsistera que quelques décades, dans les villes non desservies par le chemin de fer. En 1886, la Poste aux chevaux de Bouchain doit fermer ses volets. La petite diligence, sur les beaux chemins de France n'est plus qu'un lointain souvenir romantique.

                                                                                                             Monsieur Guy MORELLE.