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El Tiot Train d'Hap. |
Notre région a été
particulièrement favorisée par le
développement des Chemins de fer. Le 14 juin 1846, la grande
ligne Paris Bruxelles, passant par Lille et Douai est
inaugurée lors d'une manifestation somptueuse en
présence de Léopold 1er, roi des Belges, et du
fils de Louis-Philippe. Le même jour eut lieu l'inauguration de l'embranchement reliant Douai à Valenciennes. En 1884, Valenciennes est relié au Cateau par une ligne passant par HASPRES, permettant déjà à de nombreux Haspriens, de ce rendre à Paris. Notre village eut ensuite le privilège de bénéficier d'une seconde ligne menant à Solesmes, en passant par la vallée de l'Écaillons : on l'appelait << la ligne d'El Tiot Train d'Hap >>. Les "anciens" se souviennent du << Tiot Train d'Avesn' >> qui, de 1891 à 1960, transporta à Lourches et Denain, voyageurs, métallurgistes, mineurs, étudiants, et, pendant la dernière guerre, trafiquants et ravitailleurs. On chantait à l'époque : "Cest le train du Combrésis qui va de Denain à Caudry On y voit dans les couloirs tous les loubards du marché noir". "El Tiot Train d'Hap' " était considéré comme le frère "d'El Tiot Train d'Avesn' ", mais son activité fut moins importante et sa vie plus éphémère. |
Projet Expropriation : |
C'est en 1908, sous l'impulsion des hommes politiques de la
région, que le Département entreprit la
"Construction d'un Chemin de fer d'intérêt local
reliant Haspres à Solesmes". La vente à l'amiable des terrains pour cause d'utilité publique (on dirait "expropriation" de nos jours) commença dès mai 1908. Le premier acte fut signé entre le Bureau de Bienfaisance et le Département (La Commission administrative du Bureau de Bienfaisance aliène au Département deux parcelles de terre d'une contenance de 14 ares 63 moyennant le prix de 1024F10). Le dernier acte fut signé le 30 novembre 1910 en l'étude de Maître Edmond, notaire à Denain, entre Charles Mercier, propriétaire à HASPRES et Lucien Delval, ingénieur des Ponts et Chaussées..... "2 ares 30ca de terres en jardins moyennant la somme de 610 F...". |
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Les Travaux : |
Entre temps, les travaux étaient déjà
commencés et supervisés par le Conseil Municipal.
Lors de la séance du 25 avril 1909, M. Ernest Lestoille,
maire, donna lecture d'une lettre adressée à M.
Stoclet, ingénieur départemental demandant que : - le passage sous le pont de Chemin de Thiant soit remis en état. - la largeur du passage à niveau de la Croix Louis soit portée à 5m . M. C. Caullet, Conseiller Général, déclara "intervenir en personne auprès des autorités départementales". |
La gare fut construite face à la Grande Halle de l'autre côté de la ligne principale. On trouve encore des traces de ses fondations. Les gares de Vendegies, Vertain, Romeries, toujours existantes, donnent une idée de son architecture. La locomotive à vapeur avait été construite aux Ets Cail de Denain. Elle tirait 2 wagons de voyageurs peu confortables (banquettes en bois, plate-forme) et un wagon de marchandises (beaucoup plus lors de la campagne betteravière). Sa vitesse maximale atteignait 30 Km/h (A l'époque, la vitesse des automobiles était limitée à Haspres a 10 Km/h). |
Trois allers-retours par jour, avec un horaire souple. Le mécanicien attendait patiemment le voyageur attardé. La ligne à voie étroite passait sur le pont du Chemin de Thiant, sur celui de la rue de Valenciennes, et obliquait vers la gauche pour atteindre Verchain par la Croix-Louis (ont distingue encore de légers dos d'âne et cuvettes "vestiges" des remblais et déblais). De Verchain, elle se dirigeait vers Vendegies, enjambait l'Ecaillon, atteignait St Martin, Bermerain, Escarmain, où le remblai d'origine et un merveilleux pont sur le Rio St Georges existe toujours. Puis elle remontait vers Vertain, Romeries (avec embranchement vers l'Avesnois) et, après avoir effectué une courbe, atteignait la gare de Solesmes Terminus : 25 Km d'un parcours romantique. |
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Pas de garde-barrière : passages à niveau non
gardés, Le bruit de la locomotive haletante et les coups de
sifflets annonçaient un passage. On disait ironiquement : " V'la l'tiot train d'Hap... qui passe ou qui dérape. Attention mes gins, à vos glènes et à vos kiens". Malgré cette insécurité relative, il n'y eut qu' un accident spectaculaire : en octobre 1912, à Vendegies, le mécanicien n'aperçut pas un attelage de chevaux et de vaches. Le choc était inévitable et deux vaches furent tuées sur le coup. |
Rôle du Tiot Train. |
M. Léon Morelle, fut l'un des premiers à prendre
le Tiot Train. "C'était en 1912, dit-il, j'avais 7
ans. Nous avions de la famille dans l'Avesnois et nous sommes
allés leurs rendre visite. La campagne fleurie ! La
merveilleuse vallée de l'Ecaillon ! l'Avesnois ! Joie.
Gaieté. C'était la belle Epoque ! ". L'intérêt touristique du Tiot Train était certes secondaire mais les Haspriens le prenaient assez rarement. Par contre les habitants de Verchain, Vendegies ... se rendaient fréquemment à Haspres pour prendre la grande ligne Le Cateau Valenciennes. Une 3ème gare à Haspres : 1913 : il faillit y avoir une troisième gare à Haspres. Suite à l'essor de l'industrie métallurgique et minière de la région, de nombreux ouvriers haspriens se rendaient à pied à leur travail à Denain. Le Département émis "le projet de la construction d'un chemin de fer d'intérèt local reliant Haspres à Denain, passant par Noyelles et Douchy". Le Conseil Municipal "donna un avis favorable à ce projet, mais rejeta toute participation financière de la commune". |
Le Tiot Train et la 1er Guerre : |
Hélas, la 1er guerre mondiale est
déclarée. Le 25 Août 1914, les
Allemands envahissent Haspres et monopolisent les grandes lignes pour
le transport de leurs troupes, du matériel, des munitions.
El Tiot Train n'a pour eux aucun intérêt ... Le
mécanicien est mobilisé ... Interdiction en outre
de se rendre d'un village à l'autre sans l'obtention
difficile d'un laisser-passer. En 1916, la ligne est déclassée et démontée. M. Ernest Lestoille, dans ses "mémoires au jour le jour de la guerre 14-18", note : "26 février 1916. Les Allemands, au nombre d'une soixantaine, enlèvent les rails du Tramway (terme officiel) et continent les jours suivants. 30 février 1916 : les rails et les traverses sont enlevés jusqu'à la croix Louis. La locomotive et les wagons sont disséminés dans les pâtures". |
La reconstruction est annulée : |
L' après-guerre est la période de reconstruction.
Le Conseil Municipal fait activer les travaux de la ligne Valenciennes
Le Cateau, mais se désintéresse totalement de la
ligne du Tiot Train. Fernand Lamand, dans son livre "Verchain et son
histoire", mentionne qu'un avant-projet de reconstruction est
émis, reliant Solesmes à Denain, en
évitant Haspres. La municipalité de Verchain
intervient pour la liaison avec Haspres. Projet ... contre-projet...
lenteur administrative ...développement du transport par
autobus. Finalement, la ligne est déclassée en
octobre 1936. On va alors procéder à la revente
interminable des terres autrefois expropriées. L'un des
derniers acquéreurs sera M. Henri Moreau, qui le 30
décembre 1959, fera l'acquisition d'une parcelle de 96 ca
sise près de la Croix Louis. El Tiot Train d'Hap a vécu une période éphémère de la Belle Époque ... il est entré dans la légende ... "Guy MORELLE" |