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Les Canonniers
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Notre village peut
s'enorgueillir de posséder la dernière
société de Canonniers de
France. Il ne s'agit, certes pas, d'un détachement
d'artillerie
moderne, mais d'un groupe folklorique hautement coloré,
possédant, une
bombarde ("Gare si j'y vas" plus connu sous le nom de "Buque
Fort") que les Canonniers font tonner lors des manifestations
régionales. |
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LE
MOINE GOBERT FONDE LA COMPAGNIE EN 1520 |
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A l'origine, les
Canonniers jouaient effectivement le rôle de
défenseurs du village.
C'est en 1520 que le prieur de l'Abbaye, le moine Gobert,
créa le Corps
des Canonniers chargés de la défense d'Haspres.
Ils possédaient alors
de véritables bombardes vraisemblablement
chargées de boulets. Le seul
fait d'armes connu fut la résistance de la ville lorsque, en
1521,
François 1er envoya le duc de Vendôme
assiéger Avesnes le Sec, Iwuy
et Haspres. Notre pays fut alors incendié et beaucoup
d'Haspriens
"passés au fil de l'épée".
Par la suite, leur
rôle se réduisit à un
service de police, un genre de garde locale et ils formèrent
plus tard
le groupe folklorique bien connu et unique en France. Depuis longtemps,
ils encadrent les Processions au cours desquelles sortent les reliques
de St Hugues et St Achaire. (Rappelons qu'il s'agit des reliques de
deux
saints amenés à Haspres par les moines de
Jumièges chassés par les
Normands et qui sont devenus depuis, les Saints Patrons d'Haspres).
En 1722 eut lieu, au
Château d'Avesnes le Sec,
un grand banquet où furent réunis les
plénipotentiaires et
ambassadeurs ayant signé la Quadruple Alliance de la Haye.
Nos
canonniers y furent invités et s'y distinguèrent
déjà: "Toute
la jeunesse d'Avesnes le Sec était venue au devant de ces
Messieurs
avec les échevins et le Mayeur... Ces Messieurs ont eu
divertissements
singuliers, faisant danser les femmes... et pendant le dîner
on tira le
canon venu d'Haspres".
M.S.,10-48 Congrès des Plaisirs 1720-1725.
En 1810 Napoléon et
l'Impératrice
Marie-Louise visitèrent l'Ostrevant. Lors de leur passage
à Bouchain,
nos canonniers eurent l'honneur de faire "buquer" leur canon
devant l'Empereur et l'Impératrice très
amusés. En 1827, ils se
rendront encore à Bouchain pour recevoir Charles X en visite
dans le
Nord. |
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DE
LA REDINGOTE AU COSTUME D'ARTILLEUR |
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Pathène
de St Hugues et St
Achaire attribuée chaque année au canonnier le
plus adroitau tir
(Noiret en 1981). |
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Autrefois, les
Canonniers étaient en redingote noire, pantalon blanc, haut
de forme et
portaient en bandoulière une poire à poudre. Ils
possédaient des
fusils d'un modèle ancien qu'on chargeait par la gueule et
avec
lesquels ils tiraient des salves lors des fêtes.
Par la suite ils
modernisèrent leur tenue
adoptant à peu de chose près celle des artilleurs
de 1914 Cette
ressemblance vestimentaire avec les costumes de l'armée
faillit leur
être fatale.
En 1905 le
Sous-Préfet de Valenciennes
interdit aux Canonniers "de faire des sorties pour cause d'adoption
d'insignes, de gardes et d'uniformes en usage dans l'armée
française".
Le Conseil Municipal invita
donc les dirigeants
de la Société a opérer des
modifications dans leur tenue.
Chaque année, à la ducasse de septembre, ils
tiraient dans la Fontaine
Miraculeuse afin que l'eau garde sa limpidité.
Cette tradition fut
oubliée une année et
l'eau de la fontaine devint trouble. Ne s'agissait-il pas là
de la
farce d'un plaisantin comme il s'en trouve tant à Haspres |
LE
LÉGENDAIRE "BUQUE FORT" |
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Le
bourrage de "Buque
Fort" |
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Avant 1914, ils
possédaient trois canons : Buque Fort, Gros Jean, Gare si
j'y vas qui
disparurent lors de la première guerre mondiale. On
prétend qu'ils
furent trop bien cachés mais de mauvaises langues affirment
qu'ils
furent secrètement vendus lors de la
récupération des métaux.
Un nouveau canon, l'illustre
"Gare si j'y
vas" auquel on prête plus souvent le nom de "Buque
Fort", fut fondu entre les 2 guerres.
Puis, ce fut la seconde guerre
mondiale : cinq
ans de martyre pour Buque Fort réduit au silence mais qui ne
subit pas
le sort de ses ancêtres d'avant 1914. Enfin, le 2 septembre
1944, notre
village fut libéré.
Dès que
les premiers chars américains
dévalèrent la rue de la Balle, notre canon,
chargé par le garde Devémy, après cinq
essais d'amorçages difficiles, se fit l'écho de
toutes les voix haspriennes. Et, fait étonnant mais
authentique, injustement contesté par Stéphane
Collaro lors d'une émission de
télévision, le général
américain (Bradley disent les uns, Corlett pensent les
autres) fit arrêter les colonnes de blindés, se
demandant d'où venait ce bruit infernal. |
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LES
CANONNIERS PARTOUT EN FRANCE |
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Les
Canonniers d'Haspres à
la télévision (La Lorgnette : juin 1971).
Jacques Martin interviewe l'artificier Stéphane Sarachman. |
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Le
moment de
gloire le plus récent fut pour les Canonniers ce matin de
juin 71,
"la merveilleuse aventure parisienne" comme le dit Marcel
Delmotte. Ils accompagnèrent la fanfare d'Haspres aux
studios
d'enregistrement de Philips. Après un
défilé improvisé Boulevard des
Batignolles, sous le regard admiratif de centaines de parisiens, ils
chargèrent Buque Fort, le firent tonner... et jamais les
pigeons d'une
capitale n'eurent une telle peur.
On les vit encore le soir du
1er janvier 72,
lorsque le merveilleux film sur la fanfare d'Haspres passa sur la
1ère
chaîne. Et depuis, ils animent toujours les processions, les
fêtes
régionales, les ducasses, les festivals de musique... En mai
80, Buque
Fort donna le départ du rallye cyclo-touristique
Haspres-Vervins-Douchy.
Chaque année a lieu
un concours de tir au
cours duquel est remis au Canonnier le plus adroit la patène
de St
Hugues et St Achaire. Il s'agit d'une plaque d'argent
représentant les
Saints Patrons du village guérissant deux enfants de maux de
têtes. On
voit deux araignées représentant le mal
s'échapper de la tête des
enfants. Peut-être est-ce de là que vient
l'expression "avoir une
araignée dans le plafond"?
La Compagnie des Canonniers
comprend : Un
Président : Un vice-Président : Un
Secrétaire : Un Chef Artificier et
les Canonniers.
Sympathiques et parfois fantaisistes, nos Canonniers font depuis
près
de 5 siècles honneur aux Haspriens qui, à
l'époque des armes
nucléaires, ont une confiance absolue en leurs vaillants
défenseurs.
textes
de Monsieur Guy Morelle
"Haspres et son passé". |
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